AEC 11 : le MMA à Colette Besson (Rennes), formule gagnante

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Crédits photo : @KCN_Photographie // Ce samedi 18 janvier 2025, l’Arena Élite Championship (AEC) faisait son grand retour à la salle Colette Besson de Rennes, un lieu qui, pour ce qui tend à devenir une tradition, avait déjà accueilli l’événement au début de l’année précédente. Anciennement connue sous l’entité AEF, l’AEC, soutenue depuis ses débuts par Radio Roazhon, s’affirme plus généralement comme un rendez-vous incontournable du MMA (Arts Martiaux Mixtes) en Bretagne.

Après une année 2024 marquée par des étapes à Bourges, Quimper et Rouen, l’organisation retrouvait Rennes pour une onzième édition prometteuse. Sous l’impulsion de Willy Sirope, l’organisateur, cette soirée offrait un programme dense : onze combats pour deux ceintures à la clé, auxquels participent sept Rennais, devant un public fidèle et passionné.

Akhdim vs Kelly : un choc entre deux mondes ?

L’un des combats phares de l’AEC 11 opposait Nessim Akhdim, champion Flyweight (-57 kg), à l’Irlandais Nate Kelly, jeune prodige du MMA à l’ambition affichée. À 22 ans, Akhdim, surnommé « la tornade », est déjà une figure montante du MMA européen. Vice-champion du monde junior IMMAF et détenteur de la ceinture conquise à l’AEF6, il s’illustre par un striking percutant et sa capacité à dicter le rythme des combats. Fort de ses 29 affrontements amateurs, celui-ci représentait bien plus qu’une simple défense de titre : c’était l’occasion idéale d’accroître sa notoriété sur la scène internationale.

Car face à lui, Nate Kelly, 19 ans, incarne la relève du MMA irlandais et jouit d’une solide réputation alimentée par ses 70 000 abonnés sur Instagram. D’ailleurs, la comparaison avec Conor McGregor, icône de son pays, s’impose d’elle-même. Et pour cause, il s’était déjà fait remarquer à seulement 10 ans en interpellant publiquement Dana White, le patron de l’UFC, en amorce du combat entre José Aldo et son aîné.

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Deux trajectoires bien différentes avant de se retrouver, samedi dernier, dans la cage de l’AEC. La maturité a parlé et Nessim Akhdim a affiché sa supériorité. Fidèle à son surnom, il a balayé son adversaire en verrouillant un étranglement arrière éclair à la 2ᵉ reprise, forçant Kelly à abandonner. Sous les acclamations du public, le belgo-marocain n’a pas hésité à lancer une pique audacieuse : « Je viens de péter le petit à McGregor !« 

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Avec cette victoire récompensée de la soumission de la soirée, Akhdim s’affirme comme une étoile montante. Lucide sur son avenir, il entend passer quelques échéances supplémentaires, avant de se confronter au plus haut niveau : « Je veux d’abord m’imposer durablement dans la catégorie et réussir aux Mondiaux IMMAF”, précise-t-il.

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Lamp Touré : la ceinture des -70 kg sécurisée !

En co main-event, tous les projecteurs étaient braqués sur Lamp Touré, le Rennais de 25 ans, à l’occasion de ce combat décisif pour le titre international des -70 kg. Face à lui, Bilel Boulama, 19 ans, un jeune talent prometteur au palmarès solide (12-3) qui brille habituellement chez les -66 kg. Seulement, comme il l’a confié avec aplomb, « un combat pour la ceinture, ça ne se refuse pas ».

Dès l’entrée dans l’arène, les contrastes sautaient aux yeux : Boulama, du haut de son mètre 88, apparaissait élancé, presque sculptural. En face, Lamp Touré, plus trapu (1,75 m), « Gwenn ha Du » sur le dos et ceinture de champion intérimaire non loin, avec la détermination d’un homme prêt à marquer l’histoire de l’AEC. Deux gabarits radicalement opposés, mais un seul objectif : le trône.

Grâce à un striking précis et une maîtrise du tempo, le premier round tournait à l’avantage de Lamp Touré. Le pensionnaire de la Strike Academy (Genève) imposait son style, alternant frappes incisives et déplacements stratégiques dans le but de frustrer son adversaire.
Cependant, Boulama n’a pas tardé à montrer sa résilience, ajustant sa stratégie. Une amenée au sol bien exécutée et un contrôle temporaire de la cage ont laissé entrevoir une possible bascule en sa faveur. Bien que cette séquence n’ait pas causé de dégâts significatifs au local, elle a suffi à semer le doute et à maintenir le suspense jusqu’au dernier coup de cloche. En témoigne la décision des juges, partagée, qui a finalement sacré Lamp Touré. Il s’impose définitivement comme le roi de la catégorie Lightweight (-70 kg) de l’AEC.

L’intensité du combat n’a en rien altéré l’atmosphère de respect entre les deux protagonistes et le vainqueur a tenu à saluer son adversaire : « Pour faire un beau combat, il faut être deux. » Cette victoire marque un jalon historique pour le MMA breton. Comme l’a souligné Willy Sirope durant la “fight week”, Lamp Touré devient le premier champion breton de l’histoire de l’AEC.

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Avec ce succès acquis au-devant de Paul Dena, venu soutenir son camarade de primaire ainsi que ses partenaires de l’US Métro, “Sadikran” confirme son statut de pilier de l’AEC et embrasse un peu plus la voie vers une carrière professionnelle. Pour Rennes et pour l’organisation, un champion est né. Mais pour Lamp Touré, l’histoire ne fait que commencer…

@losp.ictures

Lamp Touré : “Gagner une ceinture devant son public, c’est quelque chose de phénoménal. Maintenant, je veux me concentrer sur la suite et les combats professionnels.”

Balbali vs Kocak : 15 minutes qui laisseront des traces

Ce n’est qu’une question de temps avant que Touré et Akhdim rejoignent les rangs des professionnels. En attendant, ce sont eux qui ont balisé la route vers ce qui s’annonce comme le “bouquet final”. Dans le cadre de l’AEC 11, l’unique combat professionnel de la soirée opposait Rayan Balbali à Melik Kocak, un combattant du TMT rennais. Ce fut également le premier combat dans l’élite pour le talentueux Rayan Balbali, formé à la Old School Academy et soutenu par ses coéquipiers Mathys Duragrin (ex-champion des catégories -66 et -70 kg de l’AEC, désormais au PFL) et Théo Ulrich (vainqueur récent de son combat à l’Hexagone MMA).

Décrit par son entraîneur Gaetan Hurtel comme « l’un des meilleurs combattants amateurs » du circuit, Balbali n’a pas tardé à démontrer toute l’étendue de son potentiel. Le R1 fut un véritable calvaire pour Kocak, qui se retrouvait rapidement couvert de sang, une conséquence directe des frappes puissantes et précises de son adversaire.

L’intensité de l’attaque de Balbali ne laissait d’autre choix à « Salahaddin » que de tenter une approche plus agressive sur les rounds suivants. Sa pression et ses tentatives pour renverser la situation restèrent vaines, et Balbali est déclaré vainqueur à l’unanimité des juges, après trois rounds intenses de 5 minutes. Généreux dans l’effort, Kocak peut se consoler avec le bonus du « Fight of the Night » accordé aux deux combattants.

@MEL

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Une soirée contrastée pour le RCA

Un an en arrière, Louis Bokola (Rennes Combat Association) lançait les hostilités d’une carte préliminaire déjà relevée. Cette fois-ci, en main-card, il s’est érigé en tête d’affiche dans la catégorie des poids moyens (-84 kg), face à Youssef Coulibaly (ASC Fougères). Une victoire nette par TKO dès la deuxième reprise pour le Rennais qui a su se nourrir des encouragements. C’était la 5ᵉ fois qu’il figurait sur la carte de l’organisation.

Malgré la victoire éclatante de Louis Bokola, la team RCA a connu des fortunes diverses. D’abord, Fatih Tiroglu s’est incliné par décision unanime contre Pierre-Jean Stritt en Featherweight (-66 kg). Même issue dans la catégorie supérieure (-70 kg) pour Dylan Hervouin qui défiait Axel Jean-Alphonse, combattant affilié à l’US Metro où s’entraînent aussi les représentants français de l’UFC, Morgan Charrière et Taylor Lapilus. Soutenu par son coach Johnny Frachey, “mauvaisgg” porte désormais son record à 8-3 et fait savoir à Willy Sirope qu’il n’a plus de temps à perdre : « Je voulais être là le 8 février, j’espère que tu vas m’offrir une petite place. »

Plus tôt dans la soirée, en préliminaires, le local Maxime Usquelis s’est incliné aux points. Parmi les autres résultats, Mohamed Edie (Monkey Gym) et Amine Dibirov se sont imposés à l’unanimité des juges chez les -70 kg. Ilyas Majdoub (-84 kg) l’a emporté par décision partagée. Yassir Fadili (- 66 kg) a triomphé par soumission (étranglement arrière) au 2ᵉ round. Enfin, la décision partagée a tourné à l’avantage de Jivan Armenakyan en -61 kg.

L’avenir de l’AEC : cap sur Laval

L’AEC, fondée en 2022, continue de promouvoir le MMA en France en offrant une plateforme aux combattants prometteurs. Après être passée au statut professionnel en 2024, elle a déjà vu plusieurs de ses anciens combattants, dont Patrick Habirora (au PFL), rejoindre des ligues internationales prestigieuses. Déjà tournée vers l’avenir, l’organisation prépare sa douzième édition, qui aura lieu le 8 février prochain à Laval (Mayenne).

Kévin TEXIER

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