Alors que la rumeur Olivier Giroud a fait frémir les supporters rennais un temps cet été, c’est finalement le jeune espoir turc, Bertug Yildirim (21 ans), qui est venu remplir le rôle d’attaquant d’appui tant recherché par le club.
Cependant, à l’instar du buteur et champion du monde français, il ne faut pas cantonner Bertuğ Yildirim à un simple rôle de grand costaud qu’on chercherait de la tête. Il semble avoir toutes les qualités pour compléter la palette offensive du Stade Rennais.
Portrait de celui dont on ne savait rien, il y a encore quelques semaines, avec les éclairages d’@AtakanAnil2, spécialiste du football turc qui dirige le compte @TurcFootballFR, et qui a tâté du ballon pendant 3 ans du côté de Poitiers avec un certain Lorenz Assignon. (Propos recueillis le 06/10/2023)
Qui es-tu Bertuğ ?
Parfois encore appelé Bergut ou encore Yilridim, personne n’a néanmoins pu passer à côté de la nouvelle recrue offensive du Stade Rennais. Après une première titularisation prometteuse et son premier but inscrit en rouge et noir, qui lui a valu d’avoir son nom scandé pour la première fois par un Rozahon Park des grandes soirées européennes contre le Maccabi Haïfa, il s’est déjà mis en lumière pour ses débuts. Il passe d’ailleurs à rien de voler la vedette à Ludovic Blas et d’être votre homme du match ce soir-là.
S’il a su séduire le public, il semblerait également que son intégration au groupe soit totale puisque le même soir, ses coéquipiers, un brin chambreurs, lui ont confié la tâche de lancer le clapping.
Les 3 points et le clapping pour Bertug ! 👏 #SRFCMAC pic.twitter.com/87Y7DSUcjG
— Erminig (@ErminigOfficiel) September 21, 2023
Mais rembobinons et revenons sur son parcours en Süper Lig et notamment à Hatayspor, club endeuillé par le terrible séisme qui a touché la Turquie et la Syrie le 6 février 2023, entraînant le forfait du club pour la fin de la saison 2022-2023. Le bilan de cette tragédie s’est révélé lourd pour les populations, mais aussi pour le club, avec la découverte du corps du regretté Christian Atsu, son coéquipier d’attaque, sous les décombres. Le club d’Hatay n’étant pas en mesure de finir la saison suite à ce drame, le jeune espoir turc a tout de même terminé l’épisode dernier en prêt à Antalyaspor.
« Ce n’était pas possible de laisser un joueur comme Bertuğ sans jouer jusqu’à la fin de la saison en attendant que le club se remonte. Dans ces conditions exceptionnelles, les joueurs d’Hatayspor pouvaient partir gratuitement pour un autre club turc afin de finir la saison, c’est comme ça qu’il rejoint Antalya. Ç’a été dur pour lui, il a été peu titularisé du fait du traumatisme lié au séisme. Il a vu mourir son directeur sportif et plus de 30 000 personnes quand même, c’était la panique totale… Le pays était éteint pendant un mois, c’était quelque chose d’horrible. Il revient de loin, il a été fort mentalement, puis il a rejoué, ça démontre que c’est un joueur de caractère. Pour son âge, c’est impressionnant. » @AtakanAnil2 @TurcFootballFR
C’est donc après ces événements déjà marquants dans sa jeune carrière que l’avant-centre turc d’1,91m, international Espoir (8 sélections, 5 buts), arrive en provenance d’Hatayspor, contre 5 M€ et un contrat d’une durée de 5 ans.
« Avant le Stade Rennais, on parlait de lui à Fenerbahçe mais Hatayspor a allumé le club d’Istanbul sur les indemnités de transferts. Quand Rennes est arrivé, ils ont revu le montant à la baisse. Pour les Turcs, quand un club européen approche un joueur comme lui, on l’envoie. C’est son rêve au petit ! Parce que franchement 5 Millions pour Bertuğ, c’est rien… Mais il préférait Rennes quoiqu’il arrive.
C’est pas cher, mais c’est comme ça, le marché turc n’explose pas. Il n’y a qu’à voir Arda Güler qui part au Real Madrid pour 20 Millions, il faut arrêter… En tout cas, Rennes, c’est la destination idéale pour Bertuğ, il va bien travailler avec Génésio. On est très contents qu’il y soit. Pour nous, c’est un grand club et le meilleur choix possible. Le championnat français reste une référence pour les Turcs. Tactiquement, c’est plus relevé et ça peut le faire progresser. Et puis les transferts turcs en France depuis 5-6 ans, c’est environ 80 % de réussite (Burak Yilmaz, Ünder, Yazici, Zeki Celik, etc). » @AtakanAnil2 @TurcFootballFR
Des propos qui résonnent avec ceux de son ancien entraîneur à Antalya, Nuri Sahin, rien que ça.
🇹🇷🗣️ Nuri Sahin à propos du transfert de Bertug Yildirim à Rennes : « C’était une surprise pour moi parce qu’il venait de prolonger son contrat. Nous avons même parlé à Bertuğ et à son père ce matin. Ils sont également très heureux et fiers. C’est un garçon très travailleur qui… pic.twitter.com/ma3wOxrZAg
— Actu SRFC (@ActuSRFC_) August 30, 2023
Un profil différent de celui d’Arnaud Kalimuendo et d’Amine Gouiri
Bertuğ Yildirim est arrivé pour apporter quelque chose en plus à l’attaque rennaise. Si sa grande taille (1,91m) est évidemment un atout recherché, ses qualités sont différentes de celles d’Arnaud Kalimuendo ou d’Amine Gouiri et représentent une alternative sérieuse.
« Même si nous avons déjà des solutions dans le secteur offensif, l’idée était de recruter un joueur avec des caractéristiques différentes de ce que l’on a déjà. […] C’est un profil athlétique, solide, avec la capacité à prendre les espaces et qui sent les coups pour marquer. Il a un jeu aérien très intéressant, ce qui peut nous manquer parfois », a déclaré Florian Maurice dans le communiqué annonçant le transfert.
Différent, mais pas incompatible, ses qualités avec ou sans ballon peuvent très bien s’accorder avec ses partenaires d’attaque. Et pas forcément dans un 4-3-3…
« Je pense qu’il serait mieux avec un autre attaquant. Il a un bon jeu de tête et il est athlétique, mais il est aussi capable de décrocher, un peu comme Benzema. Il sait ce qu’il va faire avant de recevoir le ballon. Je repense notamment au but contre l’Arménie avec la sélection (vidéo en dessous). Il revient de loin, il demande déjà la balle au milieu du terrain au début de l’action. Quand elle lui revient à l’entrée de la surface, après un arrêt du gardien, il tente sa frappe avec trois défenseurs devant et il la met. Ça montre son sens du jeu et sa confiance. Et puis franchement, imaginez, Bertuğ qui lance un Kalimuendo ça peut aller très vite devant ! » @AtakanAnil2 @TurcFootballFR
La Turquie revient au niveau de l’Arménie !
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— L’ÉQUIPE (@lequipe) September 8, 2023
Mais après avoir tant été décrié, Génésio envisagera-t-il de réessayer le 4-4-2 ?
D’un point de vue comptable, on constate qu’Yildirim sait être décisif. Il a inscrit huit buts et délivré quatre passes décisives en 48 matches de Süper Lig, mais surtout, 2 buts en autant de sélections chez les A et 5 buts en 8 sélections chez les espoirs. Un bilan à mettre en perspective avec son faible taux de titularisation jusqu’à maintenant.
Autre aspect non négligeable de son profil : c’est un attaquant qui sait défendre, qui tente les interceptions et qui va au duel. « Il dispute énormément de duels défensifs. Il en perd beaucoup, mais il les tente. Vous verrez qu’il va devenir une vraie bête noire. Il est physique et rapide. Pour l’instant, il défend énormément, mais un peu bêtement. Cependant, au niveau des statistiques, c’est tout de même le buteur qui a réalisé le plus d’interceptions en Turquie la saison dernière. » @AtakanAnil2 @TurcFootballFR
Du fait de ses aptitudes et de ses statistiques, il représente le renouveau de la sélection turque et fait partie d’une génération qui semble prometteuse. Le tout emmené par un sélectionneur qui fait l’unanimité. « On est vraiment hypé par l’arrivée de Montella en tant que nouveau sélectionneur. On a confiance en lui, après qu’il ait fait un bon parcours avec Adana (30v 15n 17d ). Il fait confiance aux jeunes, on est obligé de créer nos propres attaquants de toute façon, on n’a pas trop le choix. Il y a Bertuğ, mais on peut aussi parler de Kenan Yildiz de la Juventus. Il y a énormément d’espoirs sur notre jeune génération et il n’y fait pas exception. » @AtakanAnil2 @TurcFootballFR
Si les grands rendez-vous ne semblent pas l’effrayer, en sélection, en Europa League ou comme dans le derby face au FC Nantes, il ne faut cependant pas oublier qu’il reste un jeune joueur avec une marge de progression. Il a encore des axes de travail pour devenir complet et une référence de la ligue 1. On l’a d’ailleurs vu un peu plus en difficulté face à Villareal.
« Cette année, ce sera sûrement une année d’adaptation. Il peut apporter, néanmoins, je pense qu’il faut lui laisser cette saison pour apprendre. Un peu comme Arda Güler justement qui est un peu juste physiquement pour l’instant au Real Madrid, Bertuğ doit progresser tactiquement, physiquement et dans la gestion de ses efforts. Il ne gère pas ses courses encore et fait parfois des fautes évitables. S’il corrige ça, la saison prochaine, il va faire très mal. Ce n’est pas Haaland, mais il peut avoir un profil similaire, au moins physiquement. Il ne faut pas oublier non plus que son objectif, c’est de jouer l’Euro. Laissez-lui le temps et vous verrez, c’est un joueur qui donne tout pour son maillot ! Après, on parle trop des fois, et ça ne donne rien ! » @AtakanAnil2 @TurcFootballFR
Si quelques supporters et supportrices ont encore du mal avec la prononciation, Bertou (« on ne prononce pas le ğ en turc ») Yeuldeureum est bien déterminé à se faire un nom dans la capitale bretonne.
Cédric MABILLE