Roazhon Park, dimanche 6 mars 2016, 45ᵉ minute. M. Buquet siffle la mi-temps d’un énième derby entre le Stade Rennais FC et le FC Nantes. Mais pas n’importe quel derby… Au tableau d’affichage, le score est sans appel : 4-0 pour le SRFC. Le parcage visiteurs de la Tribune Ville de Rennes se vide à grande vitesse et dans l’enceinte, un seul nom est scandé : Ousmane Dembélé.
Celui qui n’avait plus foulé le Roazhon Park depuis une victoire 5-0 avec l’Equipe de France contre le Paraguay, en juin 2017, sera de retour, ce soir, avec le club de la Capitale…
Des débuts qui donnent le tournis
Ancienne pépite du Stade Rennais, le natif de Vernon revient six ans après, avec un parcours mitigé. Entre les blessures et une hygiène de vie douteuse, son ascension n’a pas été aussi fulgurante que ce que l’on aurait pu imaginer après l’avoir vu exploser sous les couleurs du club breton. En effet, dès ses débuts, son talent a éclaboussé les terrains de Ligue 1, et « Dembouz » a vite été récompensé en étant élu Joueur du mois, en mars 2016, puis meilleur Espoir de Ligue 1 à l’issue de la saison.
Quand Ousmane Dembélé était élu en 2016 « Meilleur espoir de Ligue 1 » après sa saison MAGNIFIQUE avec Rennes. 💎✨
Les nommés de l’époque :
🇫🇷 — Ousmane Dembélé
🇫🇷 — Adrien Rabiot
🇫🇷 — Vincent Koziello
🇫🇷 — Thomas Lemar pic.twitter.com/AZV81qs3HG— BeFootball (@_BeFootball) June 13, 2022
Symbole de l’affirmation rapide du joueur, son triplé contre le rival nantais qui l’a propulsé aux yeux du monde entier… Il était devenu là, le plus jeune joueur à inscrire un coup du chapeau en ligue 1 depuis Jérémy Ménez en 2005.
Dès son plus jeune âge, c’est pourtant sur les playgounds et dans les cages d’escalier de son quartier de la Madeleine à Évreux que les premières ébauches de son talent brut se dessinent. Puis par la suite, dans les catégories de jeunes, où ses coéquipiers, entraîneurs et mêmes adversaires sont dithyrambiques : ils ont en face d’eux un crack. Alors titulaire indiscutable avec la réserve du Stade Rennais (N2, ex-CFA), ses anciens partenaires James Léa-Siliki et Jérémy Gélin parlent d’un joueur avec une qualité de vitesse et de percussion hors du commun. Pied droit, pied gauche, il affole les défenses et ne laisse pas indifférent. Des performances qui le poussent à venir frapper à la porte de l’équipe première, non sans mal…
Un génie atypique, pur produit de l’ETP Odorico
Cette éclosion précoce au plus haut niveau illustre parfaitement la capacité de formation du Stade Rennais. Bien qu’il n’ait pas été formé intégralement au club, Dembélé y a passé sept années cruciales de son développement. Son parcours n’est pas sans rappeler celui d’autres talents prometteurs depuis, tels qu’Eduardo Camavinga, Lesley Ugochukwu, ou encore Mathys Tel, qui ont quitté Rennes pour rejoindre les rangs de cadors européens.
Pourtant, l’histoire entre le Stade Rennais et Ousmane Dembélé a mis du temps à se dessiner. Barré par le club qui refuse de lui offrir un contrat professionnel, le jeune joueur a un temps séché l’entraînement, avant finalement, grâce à l’arrivée de Mikaël Sylvestre et sous la houlette de Roland Courbis puis Philippe Montanier, d’obtenir le fameux graal. En guise de remerciements envers le club, il plantera 12 buts et délivrera 5 passes décisives, attirant ainsi l’œil aiguisé du Borussia Dortmund qui le recrutera lors du mercato estival.
Formant un redoutable duo avec Pierre-Emerick Aubameyang, Dembélé inscrira 10 buts et délivrera 20 passes décisives en 49 matchs toutes compétitions confondues. Pour couronner le tout, une Coupe d’Allemagne soutirée au Bayern Munich. Ça lui suffit. Direction le mythique FC Barcelone, un an après son arrivée en Allemagne, pour un montant pharaonique, en vue de compenser le départ de Neymar au Paris-Saint Germain.
Nul n’aura de mal à l’affirmer ; son passage en Catalogne reste mitigé. Avec 41 buts en 6 saisons TCC et malgré 7 trophées remportés (3 Liga, 2 Supercoupes d’Espagne et 2 Coupes d’Espagne), Dembélé multiplie les blessures à répétition. En tout, ce sont seulement 37 % des minutes possibles qui ont été passées sur le terrain. Souvent critiqué par les médias locaux, il parviendra quand même à bien conclure son expérience espagnole avec un titre de Champion d’Espagne acquis en 2023, sous les ordres de Xavi.
Un caractère affirmé, pour viser haut
Encore tout jeune, il n’avait pas hésité à aller au bras de fer avec le Stade Rennais au sujet de son premier contrat professionnel. En effet, sans garantie, il avait refusé de signer, allant même jusqu’à s’entraîner en solitaire, afin d’obliger le club à le libérer. En parallèle, il alla visiter les locaux du Red Bull Salzbourg, perçu comme une trahison par les supporters.
Situation similaire, deux ans plus tard, lorsque le FC Barcelone souhaite le recruter afin de compenser le départ de Neymar pour le PSG. De ce fait, l’international français séchait la reprise de l’entraînement dans le but de forcer son départ. Un comportement qui va s’avérer payant puisqu’il est finalement transféré au club catalan en fin de mercato. Seulement, dans les travées de l’ex-Stade de la Route de Lorient, tous les supporters gardent un merveilleux souvenir d’Ousmane Dembélé. Par ses sorties médiatiques, son visage juvénile, son humour, mais surtout ses feintes de frappes et son ambidextrie, il aura su combler le cœur de tous les amoureux des bords de la Vilaine.
« J’sais plus si j’suis gaucher ou droitier… » 🏆🇫🇷
Joyeux anniversaire Ousmane Dembélé ! 🎂😁 pic.twitter.com/l1e0XbtpPA
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) May 15, 2021
Enfin, dans ce récit, on ne pourrait occulter sa participation à la Coupe du Monde en 2018 remportée avec l’Équipe de France, au côté de Steve Mandanda. L’apogée de sa carrière, à 21 ans. Il était à une marche de rééditer pareille performance, dans un rôle bien plus affirmé, lors de la dernière édition. Et ce, avec des prestations jugées en demi-teinte. Plus mature, visiblement débarrassé des blessures, mais moins enthousiasmant qu’à ses débuts, c’est le constat dressé avant son retour sous la tunique du champion en titre, le Paris Saint-Germain !