Après Villlejean puis Maurepas, c’est désormais en plein cœur de Rennes que l’AEF a décidé de monter son octogone dans la salle de la Halle Martenot, le jeudi 1ᵉʳ juin. Pour la troisième édition, l’organisateur Willy Sirope pouvait se vanter d’attirer à nouveau de beaux invités ainsi qu’un vice-champion d’Europe de MMA amateur en combat principal. Retour sur une soirée aussi attendue que spectaculaire...
Un début de carte alléchant
Diffusé et commenté en direct sur la chaîne Twitch de RMC Sport, l’événement rassemblait pas moins de 2 000 fans en simultané derrière leurs écrans. En physique, seuls les partenaires de l’AEF étaient conviés. 11 combats étaient prévus à la carte dont deux pour des ceintures.
Après un premier combat en poids mouches opposant Nawef Chahlal et Benjamin Ploton (victoire du second à la décision) ce sont deux visages connus de l’AEF qui ont fait leur entrée pour le plus grand bonheur des suiveurs de MMA. Accompagné par le combattant UFC Benoît Saint Denis lors de la précédente victoire contre le Rennais Louis Banhiet, Rémi Bourgois s’était surtout attiré les faveurs du public grâce à un combat acharné et une bonne humeur communicative. Cette fois privé de BSD en préparation pour son prochain combat le 1er juillet à Las Vegas, Bourgois était opposé au Nantais Eliot Geoffray, seul combattant avec Damien Bozec présent sur les trois cartes de l’AEF. Après une opposition une nouvelle fois pleine d’engagement, Bourgois remporte le combat grâce à une soumission par étranglement arrière au deuxième round.
Dès la fin du combat, Willy Sirope a profité de sa première intervention dans la cage pour rendre un hommage au micro à Rémi Bourgois touché par un terrible événement familial cette même semaine. Ce dernier a également conclu par quelques mots très émouvants.
Place aux Rennais !
Désormais, place au troisième combat et l’apparition du premier rennais Anass El Mahi. Victorieux lors de la précédente édition, le pensionnaire de la RCA défiait Julien Kleman présent sur l’AEF 1. El Mahi s’est imposé cette fois par une soumission sur une guillotine. Grâce à ses deux victoires en deux événements et dans une division welterweight très disputée, le Breton d’origine marocaine peut dorénavant espérer gravir quelques places et une nouvelle confrontation dans un AEF.
Peu avant 20h, le public a assisté à l’entrée du journaliste RMC Jonatan Machardy. Opposé au jeune Abdoulmalik Baillot, ce combat qui avait déjà commencé bien avant sur les réseaux sociaux allait se jouer avec les règles du grappling (Pas de coups, un seul round de 10 minutes). Opposition d’âge et d’expérience dans ce combat puisque Machardy avait tout simplement le double de l’âge de Baillot. Pourtant, c’est bien le plus jeune qui témoigne un net avantage d’expérience. Ceinture violette de Jiu-Jitsu brésilien et pratiquant depuis son plus jeune âge, le franco-sénégalais aurait pourtant pu s’incliner sur une clé de talon tentée par son aîné. Machardy perd finalement par étranglement arrière après plus de trois minutes de lutte.
Retour au MMA ensuite avec un affrontement Franco-Parisien. Le Rennais Luka Gabellia pensionnaire du Monkey Gym, face à Mouraz Kotchoyan élève de la Atch Academy. Annoncé avec un palmarès de 5 victoires pour 0 défaite, c’est Kotchoyan qui l’emporte à la décision dans un combat riche en rebondissements. Spécialiste du pieds-poings, Gabellia qui avait montré de belles promesses lors de sa victoire à l’AEF 2, n’a pas démérité. Son adversaire du soir peut à présent se projeter vers un avenir en professionnel puisqu’il faut un minimum de 6 combats pour valider la montée en pro. Grâce à ses 6 succès désormais, le protégé de Stéphane Chaufourier (pionnier du MMA français) demande maintenant un combat pour la ceinture.
Après une pause de 25 minutes, place au dernier rennais de la soirée. Chouchou du public, Damien Bozec (Strike Academy) nous avait laissé sur une démonstration lors de l’AEF 2 avec une entrée Gwen-Ha-Du sur le dos, Manau dans les enceintes et les 1 000 spectateurs que composait la salle des Cadets de Bretagne debout. Passé au Brésil pour un camp au pays du Jiu Jitsu après son précédent combat, c’est confiant que s’avance le Breton aux deux victoires en autant d’AEF. Face à lui, Luis Guilherme Aguiar Cardoso, un Brésilien de 21 ans, spécialiste du JJB rentrait pour la première fois dans l’octogone. Représentant de la team Delariva à Nantes (Gym le plus représenté avec 3 combattants ce soir-là), le spécialiste du JJB a tenté à plusieurs reprises d’amener Bozec au sol. Malheureusement pour Bozec et le public, c’est bien le Nantais qui l’emporte à la décision. Damien nous confiait après l’évènement être frustré au vu des occasions manquées durant le combat.
L’heure des records.
Le septième combat de la soirée était aussi le premier combat féminin de l’AEF. Yasmine Benalia faisait son entrée, suivie d’Océane Samson dans un combat en catchweight (Traduisez : Combat sortant des catégories classiques) ici en – 59Kg. Cet affrontement opposait tout d’abord deux gabarits bien différents. Yasmine Benalia mesurait en effet 13cm de plus que son adversaire du soir. Après un premier round disputé, c’est bien la Normande Océane Samson qui a pris l’avantage. Issue du pieds-poings, la fonctionnaire de police a pu mettre à profit sa vivacité et son cardio pour réaliser des enchainements intéressants. C’est finalement au sol qu’elle scelle sa victoire grâce à un étranglement obtenu à 40 secondes de la fin. Le MMA féminin est maintenant prévenu, Samson obtient là sa quatrième victoire en autant de combats et en ayant commencé cette année ! Nuls doutes que nous la reverrons bientôt…
Autre combat et autre record, cette fois avec des poids-lourds. Pensionnaire du MMA Factory à Paris, Zakaria Ellhana effectuait ses débuts dans l’octogone. Face à lui, l’Angevin Laura Norbal. Ancien basketteur de haut niveau (5e division française), Norbal a combattu pour la première fois fin 2022 et portait son palmarès à 3-1 jusqu’alors. C’est bien lui qui prendra les devants dès la sonnerie de la cloche, parvenant à enchaîner les coups et amener son adversaire dos à la cage. Restant lucide, c’est bien Elhana qui va réussir à contrer son adversaire par un large crochet du droit et le désorienter. Touché, mais pas sonné, Norbal ne pourra rien faire face à l’assaut des crochets et tombera rapidement. C’est donc le Parisien Zakaria Ellhana qui l’emporte pour sa première dans l’octogone. Le coéquipier de Ciryl Gane (entre autres) repart également avec le record du finish le plus rapide depuis la création de l’AEF en septembre 2022.
Un choc en poids léger :
Pour le neuvième combat de la soirée, les spectateurs et téléspectateurs allaient voir s’affronter deux noms connus du MMA. Thomas Murris (21 ans), premier champion de l’histoire de l’AEF (dépossédé de sa ceinture sur l’AEF 2) devait initialement être opposé au Rennais Lamp Touré. De son côté, Malik Abdouraguimov (18 ans) victorieux lors de la précédente édition face à ce même Lamp Touré était booké avec Antoine Petitjean. Leurs deux adversaires indisponibles, c’est finalement tout naturellement que Murris et Abdouraguimov se sont affrontés. Si le nom du second et son précédent combat parlent pour lui, cela n’a pas été pour déstabiliser Murris. Alors sur deux défaites de suite, c’est bien l’ex-champion Thomas Murris qui l’emporte à la décision. Malgré un nez bien amoché, le combattant ultra-complet de la ZR Team à Nice peut se vanter d’avoir coché un très beau nom sur sa liste. C’est légitimement qu’il s’est adressé à l’organisateur Willy Sirope dès la fin du combat afin de demander sa revanche face à Mathis Duragrin présent dans la salle avant de nous offrir un tête contre tête des plus excitants. De son côté, « Lazy Prince » (Abdouraguimov) porte désormais son record à une victoire pour une défaite. Mais nuls doutes que nous le reverrons lui-aussi bientôt dans un octogone, tant le Nantais impressionne par sa gestion du sol.
Place aux ceintures !
Pour terminer cette soirée en apothéose, l’organisation a misé sur deux combats avec des ceintures à la clé. Ce premier duel comptant pour la catégorie des moins de 61 kg voyait s’opposer Movsar Ibragimov et Théo Murris (frère du vainqueur précédent). À peine quatre mois après son premier combat officiel en ouverture de l’AEF 2, Théo Murris (2-0 alors) avait un rival des plus expérimentés. En effet, le Belge Ibragimov pointait avant ce combat à 16 victoires pour quatre petites défaites. C’est finalement l’expérience qui a parlé grâce à une victoire par décision unanime. En signant ici son 17e succès en amateur, Movsar Ibragimov ne peut que se projeter vers un avenir en professionnel. Interrogé après son combat, il mettait au premier plan les futures échéances de la fédération (championnats d’Europe et mondiaux). Il est désormais le combattant le mieux classé dans sa catégorie en Europe de l’Ouest, selon le site référence Tapology.
Pour le combat principal, Abed Dekkar s’est présenté face à Patrick Habirora. Faisant face à plus de 10 refus (selon ses dires), le prodige belge Habirora a de quoi susciter quelques craintes. Connu des suiveurs pour une série de 4 victoires lors des championnats d’Europe en septembre 2022, ce sont surtout ses Highlights qui ont impressionné. En témoigne sa victoire en 9 secondes lors de son entrée en lice dans cette compétition. Remportant la moitié de ses victoires au premier round, Habirora suscitait une attente énorme de la part du public.
Gêné au bout de trois minutes de combat à cause d’un coup dans les parties intimes, c’est juste après que le Belge de 21 ans a saisi l’occasion d’un KO sur son adversaire du soir, faisant alors une 15e victime en 21 combats. Comme Ibraguimov son compatriote et collègue de salle, Patrick se hisse au premier rang des combattants européens dans sa catégorie des moins de 77 Kg.
Après une soirée offrant beaucoup de spectacle comme elle le promettait, l’AEF peut se targuer d’être la référence du MMA amateur français. En attirant toujours plus de beaux noms, l’organisation née à Rennes offre un divertissement de haut niveau aussi bien pour des non-initiés que des suiveurs aguerris qui y trouveront leur compte également. L’AEF impressionne toujours plus par sa gestion des combattants, mais aussi du show en lui-même. Des compliments qu’a d’ailleurs pu mettre en avant à notre micro, le champion français Morgan Charrière, présent autour de la cage ce soir-là (Vidéo ci-dessous). Désormais, le rêve est encore plus grand. Rendez-vous le 14 octobre à la Glaz Arena.