Après une série de 17 matchs sans défaite toutes compétitions confondues, le Stade Rennais souffle le chaud et le froid. Si à domicile les Rennais restent intraitables, les Rouge et Noir sont bien moins consistants hors de leurs bases. La faute à des transitions défensives souvent mal exécutées.
“L’important n’est pas le système, mais la manière dont il est animé.” Un poncif certes. Mais réel. Depuis le début de saison, le Stade Rennais connaît bien des difficultés à rester équilibré à la perte du ballon. Surtout à l’extérieur. 4-4-2 ; 4-3-3 ; 3-4-3… les systèmes s’enchaînent, toujours la même rengaine. Signe que l’organisation à 5 défenseurs, souvent décriée, ne semble pas la première responsable des errements défensifs. À l’extérieur, Le SRFC n’est que la 12e équipe de L1. Insuffisant.
À l’orée du déplacement à Clermont (2-1), Flavien Tait démontrait qu’il était conscient des faiblesses affichées par l’équipe : « Je pense que nous avons du mal face aux équipes qui envoient de longs ballons et qui ont des attaquants rapides”. Le problème est connu, mais non résolu.
Le match à Lorient lors de la 20ᵉ journée a (re)mis à jour les scories rennaises. Des carences d’autant plus prégnantes face à des Merlus friands d’espaces à dévorer. Ils le feront à merveille… Notamment par l’intermédiaire de Julien Ponceau et Ibrahima Koné trouvés trop facilement entre les lignes.
Ugochukwu perd le ballon, le milieu de terrain est dépeuplé, Koné sent le coup et se glisse dans l’espace libre. (Crédit : LFP)
Rodon choisit de ne pas cadrer Koné sur le temps de passe et préfère couvrir la profondeur, le Lorientais ne reçoit ainsi aucune pression et peut jouer à sa guise, l’action amènera le second but. (Crédit LFP)
Toute équipe doit préparer sa perte de balle en phase de possession. Cela implique une organisation équilibrée pour garder un socle compact et limiter les espaces à attaquer pour l’adversaire. Sur le but encaissé face à l’OM en Coupe de France, les Rennais apparaissent bien éloignés les uns des autres sur la perte de balle de Majer :
Sur ce cas de figure, il est impossible de progresser, aucun joueur n’occupe la zone axiale. En cas de perte, les Rennais sont en grand danger, car le bloc équipe est inexistant. Cela va se vérifier, l’OM ouvre la marque. Guendouzi, bien seul sur l’image, le sera jusqu’à sa frappe. (Crédit Bein Sport)
Un contre-pressing trop tardif
La phase de transition offensive/défensive dure un dixième de seconde. Un laps de temps précieux. Dans un football toujours plus intense, les meilleures équipes sont celles qui gèrent le mieux ces périodes de jeu. Une équipe, un joueur peu réactif mettra en danger l’équilibre défensif. Du pain béni pour l’adversaire. D’autant plus s’il excelle en attaque rapide. Côté Rennais, certaines attitudes à la perte du ballon laissent à désirer.
Sur cette action, Benjamin Bourigeaud perd le ballon. Au lieu de tout de suite chasser le porteur, il se lamente. Dans le même temps, Doué réagit, mais manque d’intensité. (Crédit LFP)
Sur la passe de Koné, Bourigeaud n’a pas progressé d’un mètre, Doué a vu Ponceau passer devant. Tout un symbole : le Lorientais est à intensité max, pas le jeune rennais. Mandanda mettra en échec Koné. (Crédit LFP)
À domicile, ces attitudes sont quasiment inexistantes. Signe d’un Stade Rennais beaucoup plus laxiste hors de ses bases.
Une gestion de la profondeur défaillante
Lorsque vous avez le ballon bloc haut, vous acceptez de laisser 50 mètres libres dans votre dos. Seulement, une perte de balle bonifiée par l’adversaire peut créer un gros danger. Côté Rennais, les centraux ne sont pas les plus rapides de L1. Theate, Omari, Wooh et surtout Rodon doivent compenser par un placement idoine pour gagner du temps sur l’attaquant. Chose pas toujours effectuée.
Quand le porteur de balle n’est pas cadré, attaqué, le défenseur doit à tout prix anticiper un ballon dans son dos. Il doit orienter ses épaules vers la ligne de touche, prêt à courir vers son but. L’attitude à éviter : faire face au porteur.
À Clermont, le 1er but encaissé perce à jour les défaillances rennaises dans ce secteur :
Kaoui n’est pas cadré. À tout moment, il peut jouer vers l’avant, ce qu’il fait avec cette louche. Kyei l’anticipe et attaque la profondeur. Theate et Traoré sont sur les talons, absolument pas prêts à courir vers leur but. Omari a une meilleure orientation corporelle, mais est en appui vers l’avant (jambe droite). Le temps que les trois se retournent, Kyei est déjà bien placé. Un temps d’avance jamais perdu face à ses adversaires. Clermont ouvre le score. (Crédit LFP)
Plus tôt dans la saison, avec une charnière différente, les Rennais seront aussi piégés à Angers…
Même cas de figure : Adrien Hunou n’est pas cadré. Il a tout le loisir d’adresser une passe à Salama (rond central). Comme on peut le voir, Theate est sur les talons, face à Hunou et non orienté de ¾. Wooh est à contretemps. Angers égalise sur l’action. (Crédit LFP)
Samedi, c’est le LOSC de Paulo Fonseca. Une équipe chatoyante dans le jeu, par ses jolies séquences de possession. Mais les “dogues” savent très bien mordre l’adversaire par des projections rapides. Weah, David seront les principales menaces dans ce registre. La gestion de la profondeur et le cadrage rapide des rampes de lancement (Cabella, Gomes) seront primordiaux. Bref, éviter les écueils cités au-dessus. Sous peine de se donner bien des sueurs froides…
Mathis EON