Ce dimanche à 17h05 sera donné le coup d’envoi d’un match que les supporters des Rouge et Noir attendent chaque année. Rennes reçoit les voisins et rivaux nantais pour le compte de la 10ème journée de Ligue 1. Un derby qui suivra peut-être une lignée de confrontations face aux canaris ayant marqué l’histoire de cette rivalité particulière. Retour sur cinq Rennes-Nantes d’entre eux.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est bon de parler d’histoire. Pour les jeunes supporters du Stade Rennais, le FC Nantes est LE rival. Les deux clubs se disputent chaque année ou presque le trône de Bretagne (ou du grand ouest, pour être tout à fait précis…). Cependant, durant de longues années, les deux clubs ont cohabité dans une forme de respect, voire même de camaraderie.
Une rivalité bon enfant
Il faut dire que le Stade Rennais a longtemps vécu dans l’ombre de son voisin. Le FC Nantes est pourtant un club beaucoup plus jeune. Fondé en 1943 (contre 1901 pour le club bretillien), la Maison Jaune se développe vite et obtient rapidement des résultats. En 1965, sous la houlette du légendaire technicien José Arribas, Nantes remporte son premier titre de champion de France. La même année, c’est aussi une première pour le Stade Rennais qui soulève la Coupe de France. Pas encore rivales et portées par une ferveur bretonne, les deux équipes sont invitées conjointement dans les locaux de Ouest-France pour célébrer leurs titres ensemble. On ne peut que vous conseiller de basculer, à l’issue de cette publication, sur le très bon article de François Rauzy retraçant particulièrement bien cette période et l’histoire de la rivalité.
Suivent alors plusieurs décennies de domination canarie sur l’ouest de la France. Sur l’hexagone tout court à vrai dire. Pendant ce temps, le Stade Rennais fait l’ascenseur entre première et seconde division. Les titres s’empilent dans l’armoire à trophées nantaise. Entre 1965 et 2001, Nantes, c’est huit titres de champion de France, quatre Coupes de France, quatre Trophées des Champions et trois demi-finales de Coupe d’Europe. Côté Ille-et-Vilaine, pas grand-chose à se mettre sous la dent : deux Coupes de France, un Trophée des Champions et un titre de champion de France de Ligue 2. Les deux formations n’évoluent malheureusement pas dans la même cour…
Quand l’élève dépasse le maître
Le nouveau millénaire arrive et apporte avec lui une inversion dans les dynamiques. Le Stade Rennais s’installe durablement en première division, puis en première partie de tableau à la fin des années 2000. Le FC Nantes chute quant à lui petit à petit, jusqu’à connaître la relégation en 2006-2007 et de nouveau en 2008-2009. Au total, le club restera en Ligue 2 pendant quatre saisons.
C’est à partir du début des années 2000 que la rivalité s’est exacerbée. Le Stade Rennais n’est plus un petit club et les Jaune et Vert sont en train de perdre leur lustre d’antan. Des derbies chauds, il y en a eu. Parfois avec du grand spectacle sur le terrain, parfois avec de tristes scènes dans les tribunes. Retour quelques années en arrière, pour vous rafraîchir la mémoire, sur cinq affrontements mémorables entre le Stade Rennais et le FC Nantes.
3 septembre 1969 : Nantes 6 – 1 Rennes
On vous promet, ça sera la seule défaite que nous évoquerons parmi les cinq matchs. Malheureusement, nous étions obligés tant ce résultat est encore aujourd’hui historique. La défaite six buts à un subie par le Stade Rennais sur la pelouse du FC Nantes ce 3 septembre 1969 reste, à ce jour, la plus grosse défaite de l’histoire rennaise face à son rival en première division. De quoi rappeler de mauvais souvenirs à certains anciens. Après une ouverture du score par l’intermédiaire de la légende nantaise Henri Michel, Rennes parvient à égaliser grâce son attaquant yougoslave Ilija Lukic. L’espoir est de courte durée. Les joueurs de Jean Prouff vont sombrer en encaissant cinq buts, dont un triplé de Philippe Levavasseur. Pour l’anecdote, deux semaines avant, les Rouge et Noir se faisaient corriger sur le score de huit buts à deux sur la pelouse du champion en titre (et futur champion, à nouveau, quelques mois plus tard) Saint-Etienne. Les Bretons termineront la saison à la 14ème place du championnat sur 18. Saison compliquée…
21 novembre 1997 : Rennes 3 – 0 Nantes
Il est 20 heures quand est sifflé le coup d’envoi de ce derby entre le Stade Rennais et le FC Nantes. À ce moment-là, la dernière victoire des Rouge et Noir face aux canaris en première division remonte à la saison 1990-1991. Avant cette victoire, il faut aller jusqu’à la saison 1976-1977 pour retrouver une occurrence ! Les Rennais ne partent donc clairement pas favoris. Le FC Nantes a terminé le dernier exercice sur la dernière marche du podium. De son côté, Rennes a fini à la 16ème place, première équipe non relégable. Les hommes mentent, pas les chiffres. Heureusement, le football n’est pas une science exacte. Grâce à des buts de Nicolas Goussé, Yoann Bigné (auteur d’un superbe coup-franc pleine lunette) et Loïc Lambert, le Stade Rennais s’impose sur le score de 3 à 0 et vainc le signe indien. Le Stade de la route de Lorient exulte et peut enfin célébrer une victoire face au rival. La première en championnat depuis le 6 avril 1991. Le jeune Mickaël Landreau, portier Jaune et Vert, n’y aura vu que du feu. Nantes terminera la saison à une décevante 11ème place tandis que Rennes finira 14ème, avec seulement un point d’avance sur un de ses autres voisins, Guingamp, qui connaîtra la relégation. On a eu chaud…
5 janvier 2006 : Nantes 0 – 2 Rennes
Ce 5 janvier est une date importante dans l’histoire récente des derbies entre Rennais et Nantais. 41 ans après, les Rouge et Noir renouent avec la victoire dans l’antre de la Beaujoire. Étienne Didot ouvrira le score juste avant la demi-heure de jeu, après un beau travail de Kim Källström. À la 70ème minute, John Utaka viendra sceller la victoire rennaise avec un magnifique but plein de toucher dans un angle ultra-fermé. Le portier breton Simon Pouplin aura, lui aussi, réalisé un grand match en arrêtant un pénalty. Les hommes de Lazlo Bölöni marquent donc l’histoire avec une victoire en terres nantaises attendue depuis des décennies.
6 mars 2016 : Rennes 4 – 1 Nantes
En ce mois de mars 2016, un jeune homme va éblouir de tout son talent le Roazhon Park. Ce garçon, c’est Ousmane Dembélé. Alors âgé de 18 ans, la pépite rennaise, déjà auteure d’une très belle saison, réalisera un de ces matchs où tout semble parfaitement cliquer. Il ouvre le score au bout d’une minute de jeu d’une demi-volée du pointu qui vient se loger dans la lucarne de Riou. Kamil Grosicki viendra ensuite aggraver l’écart avant que Dembélé ne marque un second but d’un centre-tir sur coup-franc qui traversera la surface. Juste avant la pause, il placera un crochet dont lui seul a le secret sur Lorik Cana avant de croiser sa frappe et ne laisser aucune chance au portier Jaune et Vert. Mi-temps : 4-0, triplé de « Dembouz ». Les Nantais inscriront un but anecdotique en seconde période. Le roi, c’était Ousmane.
31 janvier 2020 : Rennes 3 – 2 Nantes
C’est le plus récent des cinq derbies que nous évoquons aujourd’hui. C’est sans aucun doute le plus mémorable de tous. Le Stade Rennais, emmené par Julien Stéphan, est alors 3ème de Ligue 1 au moment de recevoir le rival nantais. Après une défaite 1-0 à l’aller, les Rouge et Noir sont revanchards. La première mi-temps de cette rencontre est calme. Ce n’est pas le cas de la seconde où tout va se passer. Nantes ouvre le score avant que Raphinha n’égalise. 80ème minute, Moses Simon vient donner l’avantage aux canaris et met un coup de clim’ sur le Roazhon Park. C’était sans compter sur un temps additionnel de légende. Benjamin Bourigeaud égalise d’abord à la 95ème et fait rugir une première fois le stade. La suite, tous les supporters rennais la connaissent. 97ème minute, M’Baye Niang enroule une frappe à l’entrée de la surface. Son grand copain Alban Lafont la dévie… dans les pieds de Raphinha qui marque dans le but vide. Le Brésilien semble largement hors-jeu, le but est refusé… Pas pour longtemps. La VAR est demandée. Après de longues minutes, monsieur Millot pointe finalement le centre du terrain. Le but est accordé et le Roazhon Park gronde comme rarement il l’avait fait. Le Stade Rennais est revenu des enfers et coiffe sur le poteau son ennemi de toujours. Que c’est beau le football…
Jocelyn GOURIOU