Au soir de la 17ᵉ journée, le Stade Rennais figurait fièrement à la 2ᵉ place du championnat. On y sentait tous les arômes qui contribuent au parfum d’une qualification en Ligue des Champions : Costaud défensivement, appliqué techniquement et surtout efficace devant le but. Malheureusement, ce constat semble un peu moins d’actualité 3 journées plus tard et une élimination en Coupe de France. Résultat ? Des doutes qui s’immiscent et qui viennent remettre en question le champ des possibles au sein des Rouges et Noirs. Au carrefour de l’optimisme et de la méfiance, quelle direction prendra le destin du Stade Rennais version 2021/2022 ?
Le podium, possibilité ou doux rêve ?
Voilà une question bien difficile à répondre, en effet cette Ligue 1 peine à trouver un véritable dauphin au PSG. Le Stade Rennais a fait partie de ces équipes « talonnant » le club de la Capitale. Mais à l’image de toutes les équipes occupant ce strapontin, elles n’ont pas su y rester plus de 3 journées consécutives. Une tendance se dégage tout de même : depuis la 14ᵉ journée, 3 équipes se partagent à tour de rôle les places sur le podium : Nice, Marseille et… Rennes. Malgré l’avantage de 5 points pris au soir de la J20 par le GYM et l’OM (1 match en moins) rien ne semble acté. En effet, ni Nice ni Marseille n’impressionnent et ne dominent leur sujet réellement.
Mais leur force réside sans doute à limiter leurs passages avides. À titre d’exemple, Rennes a déjà enchainé deux séries de 3 défaites à suivre, chose jamais vue aussi bien du côté de la Canebière que du côté de la Promenade des Anglais. Ces deux équipes savent limiter la casse pendant leur trou d’air, et arrivent à grappiller des points du nul par-ci par-là. Les 5 points de différence résident en partie ici. Car oui, si on part du principe que Rennes est un concurrent au podium, le nombre total de défaites est embarrassant : 7.
Autre problème : les résultats contre les concurrents directs. Le bât blesse pour nos Rennais : Défaite contre Nice, L’OM, Monaco, Lille, Lens. Seules les victoires contre Montpellier et Lyon viennent quelque peu contrebalancer ce bilan. Dans un championnat qui s’annonce serré, tout point « laissé » à un concurrent direct peut coûter cher. Dans ce domaine, Rennes est trop généreux. D’autre part, les résultats contre les concurrents directs sont souvent un indicateur sur la place que vous occuperez à la fin de saison. Alors certes ce n’est pas une science exacte, mais cela permet de dégager une tendance. À ce stade, on peut légitimement penser que Rennes est à sa place, à savoir… hors du podium.
Rien n’est terminé cependant. Rennes n’a pas grand chose à envier aux effectifs de Nice et Marseille. Il paraît bien difficile de croire que le jeu du Stade Rennais se soit liquéfié ad vitam eternam. Le talent est là et doit permettre aux Rennais à défaut de finir sur la boîte, d’être un sérieux prétendant jusqu’au bout du championnat.
Le top 5 en attendant mieux ?
On redescend de quelques étages, pour arriver à un palier encore plus abordable pour les Rouges et Noirs : le top 5 synonyme de Ligue Europa (sous réserve du vainqueur de la Coupe de France). C’était en début de saison l’objectif fixé par le board rennais. Les temps de passage sont bons et avec le RC Lens, Rennes fait figure de sérieux prétendant pour compléter les places avoisinantes du podium. Ce sont ces deux clubs qui ont su se démarquer par les résultats et surtout par le jeu.
Le seul hic c’est la multitude de prétendants à ces places. Et malheureusement, l’écart devient de plus en plus ténu. Le principal regret vient de voir les retours de Monaco, Lille et Lyon un temps sérieusement distancés (entre 8 à 10 points d’avance au plus fort de l’écart). Cet objectif semble le plus conforme aux qualités du SRFC. Tout d’abord, car Rennes adopte une allure, au vu du rythme que prend ce championnat, suffisante pour accrocher ce top 5. En effet, à première vue, ce championnat aussi bien pour le podium que pour le top 5 ne devrait pas se jouer dans de hautes sphères à en croire ces 20 journées disputées. De plus, à ce rythme, le podium pourrait se jouer à moins de 70 points, ce qui est rare. Le top 5 ? À tout juste 60 points si on garde ce rythme. D’autre part ce groupe a priori renforcé cet été et fort en expérience pour jouer le haut de tableau fait naturellement figure de prétendant.
L’Europa Conférence League, la cerise sur le gâteau (empoisonné) ?
Voici, certainement LE facteur X de cette fin de saison. Deux questions semblent survenir :
- Rennes peut-il jouer y un rôle vraiment important ?
- Rennes va-t-il reussir à concilier enfin la L1 et la C4 ?
Tout d’abord, oui Rennes semble être un outsider dans cette compétition. Comme dit plus haut parce qu’il a suffisamment de talents pour venir embêter n’importe quelle équipe encore présente. On peut objectivement penser que seul Leicester et l’AS Rome sont au-dessus de nos protégés. Et même si d’aventure le club Rouge et Noir venait à les rencontrer, les écarter serait une grosse performance, mais en rien un exploit. Le reste semble de même niveau ou inférieur.
De plus, le Stade Rennais sort invaincu de cette phase de groupe qui, à défaut d’être le groupe de la mort, était piégeuse. Certes avec un match de moins, mais Rennes semble enfin se forger un caractère européen malgré quelques sautes de concentration. Le tirage au sort sera évidemment prédominant mais plus encore, il sera primordial d’être dans un cycle vertueux en L1 avant d’aborder ce fameux 8ᵉ de finale.
Pour ce qui est de pouvoir assurer sur les deux tableaux, les doutes sont permis. En effet, jamais Rennes n’a su assurer à la fois en Ligue 1 et en Coupe d’Europe. Il a toujours accompli son objectif sur l’une ou l’autre compétition mais jamais de concert. De plus on a pu s’apercevoir que le banc rennais n’est pas si fourni que cela qualitativement. De part des jeunes sans doute trop tendres actuellement, des déceptions globales que forment Guirassy, Santamaria voire Bade par exemple. Pour briller sur ces deux compétitons, le club doit pouvoir compter sur son banc. Ce constat est encore plus vrai pour ces trois derniers cités qui risquent d’être appelés pour reposer certains titulaires. Tous ces paramètres vont peser sur le destin rennais en C4.
Une autre question peut être posée : La Conférence League au détriment de la Ligue 1 ?
On peut penser qu’en l’état actuel des choses, la Ligue 1 reste la chance la plus sûre pour le club de figurer Européen en fin de saison. Car seule une victoire en Conférence League donnerait une place en phase de groupe d’Europa League. Il faut espérer que le club ne délaisse pas complètement le championnat si les choses se passent mal au profit de la C4. Rennes pour continuer à progresser et à être attractif se doit d’être a minima en C4. Pourrait-on se complaire d’une demi-finale en C4 et d’une 7/8ᵉ place en L1 ? Pas sûr. La L1 reste la vitrine de chaque club, il est le témoin le plus fiable de la qualité de la saison réussie. C’est pourquoi réussir en L1 est primordial. Bien sûr, l’Europe n’est pas une option, on ne s’y qualifie pas pour ne rien y faire. Mais elle ne doit jamais se substituer au championnat.
Ainsi, il est bien difficile d’émettre un pronostic final, car une saison est faite d’évènements contrôlables (niveau de jeu affiché, résultats passés) et incontrôlables (blessures, expulsions, mauvais tirages en coupe, etc.). L’objectif final du club est de retourner en Coupe d’Europe. À la vue des propos énoncés tout au long de ce fil, Rennes a toutes les cartes en main encore, pour retrouver les joutes européennes en fin de saison. Mais il doit s’atteler à mieux faire le dos rond pour grapiller, capitaliser. Cela passe aussi par un rebond de certains joueurs, un retour à un niveau intéressant serait salutaire pour remplacer certains joueurs qui pourraient tirer la langue.
Faites vos jeux, rien ne va plus !
Mathis