Transféré à Leeds, lundi, pour 17M€ hors bonus, Raphinha ne sera finalement resté qu’une année sur les bords de la Vilaine. Recrue phare de l’été 2019, son divorce précipité avec le Stade Rennais laisse un goût amer, le sentiment que son aventure Rouge et Noir n’aurait pas dû se terminer si tôt. Retour sur le passage éclair de Raphi à Rennes.
L’histoire liant Raphinha et le Stade Rennais n’aura duré qu’un court moment. En effet, le Brésilien a rejoint, lundi, dernier jour du mercato, les Peacocks de Marcelo Bielsa. Il faut remonter 13 mois auparavant, en toute fin de mercato également, pour voir Raphinha débarquer sur le sol breton. L’ailier impressionne au sein du championnat portugais sous les couleurs du Vitória Guimarães puis du Sporting Lisbonne, au point de susciter la convoitise de grands clubs européens (Fiorentina, FC Séville notamment).
Il privilégiera les Rouge et Noir, une décision influencée par la présence à Rennes de Romain Salin, son ancien coéquipier au Sporting,. « Il a été très important dans ma prise de décision, expliquait Raphinha lors de sa présentation au Roazhon Park. Le président (Olivier Létang) aussi, qui a tout fait pour que je vienne. Il m’a montré le projet du club, ce qui serait bon pour moi. J’ai vite adopté l’idée de venir ici ». Le club déboursera 21M€ pour s’attacher ses services, un montant loin d’être anodin.
Premières semaines timides
Les débuts sous le maillot rennais ne seront pas aisés. Deuxième recrue la plus chère du club à son arrivée (derrière le célèbre Severino Lucas, 21.3M€, et dépassé par Jérémy Doku arrivé ce week-end à 26M€) et, par conséquent, attraction phare du mercato rennais, Raphinha rapplique avec une pancarte sur la tête et un transfert à confirmer immédiatement. Bouleversé par la pression et les attentes, ses premiers matchs se révèlent brouillons. Ses prises de balle et ses qualités techniques démontrent que le joueur a du potentiel mais il peine à se montrer pleinement convaincant, constant et surtout décisif. En conséquence, quelques critiques d’impatients commencent à émaner. Pendant de longues semaines, Raphinha va courir après son premier but, celui censé le propulser.
La machine lancée
Le déclic arrivera un dimanche après-midi sur la pelouse du Roazhon Park. Confrontés à Amiens, les Rennais mènent 2-1 lorsque Mbaye Niang obtient un penalty en fin de match. Désigné pour les tirer, le Sénégalais, déjà buteur, l’offre à son partenaire brésilien, toujours muet avant ce 10 novembre 2019. Le natif de Porto Alegre le convertit et lance définitivement sa saison.
Par la suite, Raphi se libère et pèse considérablement dans le jeu. Joueur de percussion et de un-contre-un, il met à profit ses qualités d’élimination au service de l’équipe. L’ailier enchaîne les très bonnes performances et se montre décisif tout le long de la saison. Il compilera, ainsi, 7 buts et 3 passes décisives en 2019-2020 toutes compétitions confondues.
Vecteur de plaisir
Malgré une inconstance, parfois reprochée à juste titre, l’attaquant de 23 ans est un titulaire indiscutable en dépit de la forte concurrence. La saison dernière en Ligue 1, il est, d’après Sofascore, le joueur rennais à avoir créé le plus d’occasions (8), délivré le plus de passes clés par match (2,0) et réussi le plus de dribbles par match (2,2). Son jeu, délicieux et spectaculaire, va conquérir le cœur des supporters rennais. Raphinha est un joueur singulier. Un joueur qui ne laisse pas indifférent, qui vous fait lever de votre siège et qui peut enfiler le costume de héros providentiel comme ce soir de janvier, où d’un doublé et d’une célébration rageuse, il permet au Stade Rennais de l’emporter au bout de la nuit contre le rival nantais (3-2).
Par ailleurs, Raphi sera justement récompensé par vous, auditeurs et lecteurs de Radio Roazhon, en remportant à quatre reprises le titre de « Meilleur joueur du mois ». Et ce, consécutivement, en novembre, décembre, janvier et février. Hégémonie. Seul un virus mondial a pu le stopper. Sacrée performance. De surcroît, ces belles notes le feront briller au classement du trophée préféré de ton trophée préféré, le Roazhon d’Or. Il y prend la médaille de bronze, derrière le crack Eduardo Camavinga et la muraille Edouard Mendy, un autre #ExSRFC.
British Dream
On s’attend à ce que Raphinha enchaîne et poursuive sa progression séduisante aux prémices d’une saison inédite pour le club Rouge et Noir, symbolisée par la découverte de la Ligue des Champions. Mais cet éventuel cap, le Brésilien ne le passera pas sous le maillot rennais. La Coupe aux grandes oreilles n’a pas suffi à le faire résister aux sirènes de la Premier League, un championnat qui l’a toujours fait rêvé. « Je suis venu en France avec l’envie de toujours progresser. La Premier League est le championnat le plus fort du monde et j’ai envie de jouer là-bas », confiait-il, peu de temps avant son départ, à un média brésilien. Vœu exaucé.
Son départ dans une équipe promue du championnat anglais, Leeds, peut surprendre, alors qu’une place de titulaire lui était presque assurée au sein d’un club à la dynamique exponentielle et qui participera à la Ligue des Champions. Cependant, la découverte d’un championnat historique avec une équipe alléchante et joueuse, menée par le mythique Marcelo Bielsa, et une revalorisation salariale non négligeable ont su le motiver. D’autres très bons joueurs l’ont été, comme Rodrigo, Robin Koch et Diego Llorente.
Inutile de le conserver à tout prix
Motivé à partir, il était compliqué de retenir le joueur. « Conserver un joueur contre son gré, ce n’est pas forcément une bonne idée, déclarait, en début de semaine, le président Nicolas Holveck à la conférence de presse « bilan du mercato ». Il aurait mis 4 mois à digérer la situation ». Les dirigeants, l’entraîneur et les joueurs ont tenté de le convaincre tant bien que mal. En vain. « On a essayé de retenir Raphinha jusqu’au dernier moment. Malheureusement son choix était fait. On le perd pour Leeds, on est déçus, mais on ne peut pas le retenir« , déplorait Florian Maurice, directeur sportif du club en conférence de presse ce mardi.
Cette vente précipitée explique, en partie, le montant de la vente du joueur, jugé insuffisant. Les sommes officielles n’ont pas été communiquées mais d’après les médias, la vente avoisinerait les 17M€ + 6M€ de bonus ainsi qu’un pourcentage à la revente. De fait, ni une réelle plus-value ni une perte financière. Raphinha a donc joué, dimanche, son dernier match, contre Reims (2-2) au Roazhon Park. Un baroud d’honneur accompli. Le joueur a fait parlé son talent, les défenseurs rémois l’attesteront, et a inscrit un but. Son dernier à Rennes.
En 13 mois et 34 matchs, Raphinha aura marqué 8 buts et délivré 5 passes décisives, un bilan honorable. Au-delà des statistiques, le Brésilien aura émerveillé et marqué, par ses prouesses techniques, les supporters rennais. Et cette emprunte ne se mesure pas avec des chiffres. Ce passage éclair laisse une dose d’amertume et un sentiment d’inachevé. La sensation que son aventure avec le Stade Rennais aurait dû continuer et que le joueur avait encore tant de plaisir à donner au public bretillien. Bon vent Raphi, adeus !