Le Bétis Séville, c’est bon ça?

A deux semaines du match aller au Roazhon Park, l’excitation est à son comble chez les supporters et pour cause, durant ce mois de février fastidieux, on assistera à la première phase finale européenne dans l’histoire du Stade Rennais… De quoi effectuer une rapide analyse sur le Bétis Séville, longtemps resté dans l’ombre de son grand voisin et rival, le FC Séville.

Il est vrai qu’on s’imagine déjà aux abords du Roazhon Park, l’odeur habituelle de galette-saucisse mélangée à ce doux parfum d’Europe. Rien de mieux que de prendre la température de notre adversaire pour mesurer nos chances, car oui, c’est un peu ce qui caractérise une vie de supporter, dans le fond.

Un club attractif:

Joaquín avec le maillot du Betis

3 saisons après leur remontée en Liga, les Sévillans jouent enfin les premiers rôles en championnat. Une superbe saison ponctuée par une 5ème place l’an dernier et un effectif renforcé pour entamer une nouvelle campagne européenne, la dernière datant de la saison 2013-2014. Bartra en est le parfait exemple, de retour au pays après un passage à Dortmund, il témoigne de la capacité du club à acquérir de beaux noms. Plus parlant encore, l’arrivée de William Carvalho en provenance du Sporting Club Portugal, dont le nom filtrait au sein des grosses écuries européennes. En se muant rapidement comme une plaque tournante du milieu de terrain, il a remplacé, du moins numériquement, Fabian Ruiz, parti l’été dernier du côté de Naples. Sa présence athlétique et son placement permettent ainsi de faire briller ses deux compères que sont Canales et Lo Celso, d’avantage portés sur l’attaque. Le premier n’aura certainement pas eu la carrière qu’on lui avait prédit tandis que le second est en train de confirmer tous les espoirs fondés en lui (petite pensée aux supporters parisiens). Et oui, quand bien même Unaï Emery avait eu la brillante idée de le placer en sentinelle, devant la défense, un soir de 1/8èmes de Ligue des Champions, c’est désormais un cran plus haut qu’il exploite ses qualités. Nul doute d’ailleurs que son option d’achat (25M€) qui le lie encore au PSG ne soit levée en fin de saison. Enfin, on ne présente plus la légende du club, Joaquin Sanchez qui demeure, à 37 ans, un exemple de longévité auprès d’un effectif jeune.

De surcroît, le club andalou a effectué quelques ajustements cet hiver. Sanabria et Takashi Inui ont été amenés à trouver une porte de sortie, en prêt, respectivement au Génoa et au Déportivo Alavés. A l’inverse, le club a enregistré l’arrivée de Diégo Lainez (18 ans) qui aura fait sa première apparition le week-end dernier face à l’Athlétic Bilbao (défaite 1-0). Jesé est quant à lui arrivé avec la confiance accordée d’un coach qu’il a déjà côtoyé par le passé. 

Ainsi, à l’instar des Rouge & Noir, le Bétis fait face à une véritable défaillance au poste de n°9, le meilleur buteur du club en championnat n’étant autre que Canales (5 buts). Il leur manque pour performer un véritable « goléador » qui ne se nommera pas Jesé, à moins que…

El « estilo » Sétien:

Arrivé en 2017 en provenance de Las Palmas dont il a fait les beaux jours, il a rapidement su convaincre les supporters sévillans par son caractère offensif qualifié par les observateurs assidus comme le plus beau jeu de la Liga, une satisfaction personnelle. En effet, il ne conçoit pas devoir abandonner le ballon à l’adversaire. Les 82% de possession établis contre Léganès mi-octobre en témoignent. Quique Sétien a ses principes et il ne s’en cache pas. Son modèle? Le Barça de Cruyff, une vision du pressing haut et de la passe à 10 qu’il revendique au point même de s’ennuyer devant certains matchs du football moderne préférant jouer aux échecs. C’est d’ailleurs sa seconde passion, passion dont il s’est inspiré et qui l’a même « amené à une capacité d’analyse et de compréhension du football que je [il] n’avais probablement pas avant« . Un dispositif offensif, séduisant donc, qui aurait la faveur des Blaugranas en cas de départ d’Ernesto Valverde.

Pour autant, les critiques à son égard se font de plus en plus persistantes. Il lui est souvent reproché de ne pas se remettre en question. Dernier exemple en date, Sergio Léon cantonné à un rôle de joker, réclamé par les supporters et buteur ce mercredi soir. Si 2018 est rentré dans l’histoire du club, ce début d’année est plus délicat. De par les résultats décevants en championnat, il est dorénavant attendu au tournant. 

Alors, évitons de nous baser sur la forme du moment pour les décrire. Avec une réelle intensité et des scènes de possession intéressantes, les « Verdiblancos » (surnom qui leur est attribué), généralement dominateurs, s’inclinaient seulement dans les dernières minutes contre le Réal Madrid… Une tendance qui se répète depuis un bon mois maintenant. Mercredi soir, le Bétis a dû s’employer pour venir à bout de l’Espanyol Barcelone, 3 buts à 1, en Coupe du Roi. Une victoire poussive en prolongations afin d’aborder plus sereinement un mois de février au carnet bien rempli.

Alors, en fait-on trop avec le Bétis Séville?

En terminant premier d’une poule composée de l’Olympiakos et du Milan AC (« ce n’est plus ce que c’était », je vous l’accorde), les protégés de Quique Sétien réussissent à masquer les doutes persistants depuis le début de saison. Capable d’infliger au Barça un cinglant 4-3 sur la pelouse du Camp Nou en novembre dernier, le potentiel sévillan sonne comme une évidence, pourtant il ne s’exprime que trop rarement. 

De ce fait, difficile de savoir à quoi s’attendre. D’un point de vue personnel, il me semble même compliqué de décrier une équipe pour le moins joueuse. En revanche, il n’est pas sans penser qu’à vouloir trop jouer, elle se risque aux contre-attaques de ses adversaires, tout bêtement vous me direz. Au vu des derniers matchs, un problème persiste notamment au niveau de l’utilisation du ballon dans la moitié de terrain adverse avec des transitions plus compliquées. 

La rigueur défensive mise en avant dès sa prise de fonction, Julien Stéphan le sait mieux que quiconque; pour espérer sortir vainqueur de cette double-confrontation, il faudra performer dans l’utilisation du ballon et se montrer plus solide derrière. En outre, le Président O.Létang l’a résumé, à sa manière, par « un tirage difficile mais jouable pour le tour suivant » tout en soulignant la volonté de démontrer aux supporters rennais la qualité de l’effectif actuel et ainsi croire en ses rêves, même les plus fous.  

En conclusion, le Bétis Séville présente des similitudes avec le club breton, notamment l’irrégularité. Dans une posture d’outsider qui lui convient si bien, le Stade Rennais aura tout à gagner, un soir de 14 Février pour entretenir la flamme, celle d’une possible qualification avant le déplacement du côté du Bénito Villamarin avec quelques milliers de supporters rennais… 

 

Kévin.

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