Après un long moment de suspicion à l’encontre du duo Lamouchi-Létang, l’heure de la séparation est venue. Précipitée par la lourde défaite (4-1) lors de la réception du Racing Club de Strasbourg Alsace c’est au lendemain matin qu’est parue la décision de mettre à pied celui que les supporters surnommaient « Arrigo Sabri », en référence au légendaire manager italien Arrigo Sachi.
Dans le même communiqué, le Stade Rennais annonce la promotion de Julien Stéphan (38 ans), alors entraîneur de la réserve.
Un passé évocateur
Ex-milieu de terrain à vocation défensive à l’échelon inférieur (il n’aura disputé que 60 minutes de Coupe de la Ligue avec Toulouse) mais bercé par la pratique de son père Guy Stéphan, éternel adjoint de Didier Deschamps, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers le poste d’entraîneur.
En charge de la réserve depuis 2015, il aura tout connu, enchaînant montée en CFA (actuel National 2) où il sera sacré champion avant de redescendre l’année suivante, il aura vu passer entre autres Ousmane Dembélé, Joris Gnagnon ou bien Jérémy Gélin dont le rôle a été prépondérant dans la réussite de ces derniers.
Outre Joris Gnagnon réaffirmant sur SFR Sport, à propos de son formateur, qu’il est « très proche des joueurs » jouant beaucoup sur l’aspect humain à proprement parler. Ce sont notamment les jeunes qu’il a pu côtoyer au centre de formation qui ne sont pas restés insensibles, se réjouissant de sa nomination à la tête de l’équipe première. Wilson Isidor, parti cet été à l’AS Monaco, n’a pas manqué de le faire savoir sur son compte Twitter.
Axé sur la jeunesse donc, Julien Stéphan a tout d’un futur grand. Un vrai charisme qui lui permet de se faire entendre et apprécier de ses joueurs mais également une aura qu’il eut été possible de constater à maintes reprises lors des matchs à la Piverdière. De plus, à l’instar de son prédécesseur dont il « s’est nourri » pour reprendre ses mots, le Rennais de naissance peut se doter d’une communication brillante, qui convient à l’image du club depuis la prise de fonction d’Olivier Létang à la présidence.
🇫🇷 Retrouvez Guy Stéphan dans une émission spéciale #beINBleus avec @piresrobert7 et @marceldesailly demain à 21H sur beIN SPORTS 1 !
🎙 Il évoque notamment Julien Stéphan, son fils et entraîneur du Stade Rennais ! pic.twitter.com/2adD9kITlV— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 8 décembre 2018
Une arrivée sur la pointe des pieds
Sabri Lamouchi qu’on le veuille ou non était sur la sellette, quand bien même son supérieur l’avait conforté dans la presse après la victoire à Caen (2-1), début novembre.
Tandis que la réserve avait renoué avec le succès il y a une semaine face au Stade Pontivyen (1-0, but de Nkada), l’effet d’une bombe résonnait lundi dernier à la découverte du changement apporté au sein du groupe professionnel. Un timing spécial oui, mais surtout un avenir qui lui semblait prédit depuis quelques années maintenant. En effet, après un départ avorté à Monaco alors même que Thierry Henry voulait le voir intégrer son staff, et étant donné la mesure prise par le président rennais pour le conserver (un temps évoqué le montant d’un million d’euros pour le libérer), il semble le choix le plus cohérent pour prendre en charge l’équipe première. D’entraîneur des U19 à la réserve et du haut de ses 7 saisons passées à se former sur les bords de la Vilaine, celui qui se dit « viscéralement attaché au club et ses valeurs » commençait à trouver le temps long, d’autant plus que depuis l’année dernière, il est détenteur du brevet d’entraîneur professionnel de football. Avec l’engagement et le professionnalisme que certains lui connaissent, il entend donc redonner une forme de progression dans les résultats
À la suite de sa nomination au sein de l’équipe première et accompagné de ses adjoints, il a ainsi animé son premier entraînement dans la foulée… Et n’a pas perdu de temps depuis !
Des débuts réussis
Sérieux et pragmatique dans la préparation du match contre l’OL, il entendait concentrer son travail sur la défense considérant que « la meilleure attaque, c’est avant tout de savoir bien défendre ». Cependant, c’est un système en 4-2-3-1 à première vue offensif, en alignant les recrues de l’été Ben Arfa et Siébatcheu sur le front de l’attaque, qui a été en mesure de faire face à un collectif lyonnais apathique et sans solution. Lui qui n’avait que 2 jours pour préparer la rencontre, a montré sa faculté à s’adapter de façon immédiate comme habituellement avec la réserve.
Faisant preuve d’une vraie rigueur tactique en revenant aux fondamentaux, alliant bloc bas et transition rapide, le Stade Rennais est allé s’imposer 2-0 au Groupama Stadium, avec la manière. En effet, là où Lamouchi paraissait en perdition, Stéphan y a fait face, bien aidé par le retour des cadres au niveau qu’on leur prétend être. Ce samedi, c’est un Stade Rennais emprunté qui s’est emparé des 3 points au Roazhon Park sur le même score face à Dijon. 2 victoires d’affilée, ce qui n’était encore jamais arrivé cette saison, mais également une sacrée performance pour le néophyte devenant par ailleurs le premier entraîneur à gagner ses 2 premiers matchs avec le SRFC depuis Kálmán Székány en 1932.
Victoire logique mais dans la douleur du @staderennais qui a d’abord su bien défendre avant de faire basculer ce match sur un tir dévié de Bourigeaud. Ben Arfa a encore été décisif. Début rêvé pour Julien Stéphan. @TVR35 #SRFCDFCO pic.twitter.com/AXq7caCmkf
— Penven Christophe (@PenvenC) 8 décembre 2018
Julien Stéphan est-il l’homme de la situation au Stade Rennais selon vous ? 🙂 #RadioRoazhon
— Radio Roazhon (@RadioRoazhon) 9 décembre 2018
En conclusion, à en croire son président qui a fait part de sa « volonté de construire dans la durée », le tout récent nommé gardera sa place, au moins jusqu’à Noël.
Alors simple intérim en l’attente d’un nom plus ronflant ou véritable successeur, Julien Stéphan qui disait vouloir « saisir cette formidable opportunité » et « satisfaire les exigences » aura encore 4 matchs, et pas des moindres, avec les réceptions d’Astana et du voisin nantais en coupe pour s’affirmer, véritablement, comme le 39ème entraîneur de l’histoire du Stade Rennais.
Kévin.