Après l’éviction du président Olivier Cloarec vendredi 4 octobre sur décision de la famille Pinault, il était quasiment acté que l’arrivée d’Arnaud Pouille, son successeur, allait provoquer d’importants changements au sein de l’organigramme du Stade Rennais. Comme les rumeurs l’annonçaient ces derniers jours, Julien Stéphan n’a donc pas survécu à la claque reçue à Auxerre dimanche dernier (0-4). La défaite de trop pour Rennes, empêtré à la 13ème place de Ligue 1 avec 11 points en 10 journées. Alors que plusieurs noms circulent déjà pour prendre la suite de l’ex-coach de Strasbourg, Radio Roazhon s’est penché sur le sujet et vous propose aujourd’hui six entraîneurs susceptibles de lui succéder. Il est important de préciser qu’il ne s’agit aucunement d’informations mais plutôt de propositions, d’envies, de paris.
Nous ne sommes qu’en novembre mais l’exercice 2024-2025 se révèle déjà compliqué pour Rennes. Après avoir perdu son directeur sportif Florian Maurice cet été, le club breton a vu son président être remercié après sept petites journées de Ligue 1. Aujourd’hui, c’est au tour de Julien Stéphan de payer les mauvais résultats. Il faut dire qu’après un mercato bouclé avec 12 recrues et 80M€ dépensés (pour plus de 130M€ de ventes), les résultats ne sont pas à la hauteur des objectifs fixés en début de saison. En effet, les Rouge et Noir ne comptent que trois victoires en dix rencontres et glissent dangereusement vers la zone rouge (seulement un point d’avance sur Saint-Etienne, 16ème) pour ce qui est leur pire départ en Ligue 1 depuis sept ans. Un électrochoc est donc rapidement attendu afin de repartir de l’avant et avoir une chance d’accrocher une qualification en Coupe d’Europe en fin de saison. Pour cela, la cellule de recrutement rennaise s’est déjà penché sur le marché des entraîneurs, où de (très) jolis noms n’ont pas encore trouvé de banc. Radio Roazhon vous propose une sélection ambitieuse de six entraineurs pour emmener le Stade Rennais vers les sommets de la Ligue 1.
Le champion du monde : Patrick Vieira (FRA, 48 ans)
On commence avec un entraîneur français bien connu dans l’Hexagone pour sa carrière de joueur et plus récemment pour celle de coach principal. N’ayant pas retrouvé de club après la fin de son aventure mitigée à Strasbourg, Patrick Vieira apparaît comme une solution crédible pour le Stade Rennais. En plus de disposer d’une grande reconnaissance de la part des observateurs du football français, le Champion du Monde 1998 a déjà officié en France – à Nice pendant 2 ans et demi et à Strasbourg la saison dernière. Si ses deux expériences se sont avérées être mitigées, tout comme celle à Crystal Palace, il faut toutefois retenir que Patrick Vieira a démontré une vraie capacité à développer les jeunes talents et à les intégrer dans l’équipe première. Quand on connait l’importance du centre de formation du Stade Rennais et les joueurs qu’il a sorti sur la dernière décennie (Dembélé, Camavinga, Doué,…), on ne peut que se dire qu’une arrivée du français en Bretagne sera grandement bénéfique pour le club.
D’autre part, on sait par ce même passage à Nice que Patrick Vieira sait rendre ses équipes solides défensivement. Lors de sa première saison en 2018-2019, les Azuréens ont terminé 2e meilleure défense de Ligue 1 ex-aequo avec le PSG (35 buts encaissés en 38 journées). Un atout qui pourrait se révéler majeur pour les Rennais, qui ont du mal à trouver leur charnière titulaire depuis plusieurs mois malgré des statistiques défensives honorables. S’il venait à être nommé à Rennes, Patrick Vieira devra toutefois rendre son équipe plus régulière, ce qu’il n’a pas vraiment réussi à faire à Nice et Strasbourg, et trouver le bon équilibre entre la défense et l’attaque, où des éléments ne parviennent pas encore à exprimer tout leur potentiel.
Le fougueux : Jorge Sampaoli (ARG, 64 ans)
Depuis l’annonce du départ de Julien Stéphan, son nom revient avec insistance sur les bords de la Vilaine. D’après le quotidien L’Equipe, un accord de principe aurait même été trouvé pour sa venue. Ancien sélectionneur du Chili et de l’Argentine, avec qui il a respectivement remporté une Copa America et disputé la Coupe du Monde 2018, Jorge Sampaoli dispose de plusieurs expériences en club plus ou moins mitigées. Si ses passages en Amérique du Sud (Santos, Atlético Mineiro, Flamengo) n’ont pas vraiment été au centre de l’attention en Europe et en France, on retient surtout sa saison 2021-2022 qu’il a disputé et achevé à la 2e place en tant que coach de l’Olympique de Marseille.
Si lors de son passage en France tout n’aura pas été parfait, Jorge Sampaoli peut au moins se targuer d’avoir été au rendez-vous comptablement et ainsi répondre aux attentes des dirigeants olympiens, avec à la clé une qualification directe pour la Ligue des Champions 2022-2023. En arrivant sur le banc en mars 2021, il a su relancer un groupe et un club en crise institutionnelle après les départs précipités d’André Villas-Boas et de Jacques-Henri Eyraud, tout en apaisant les tensions avec les supporters marseillais en colère contre leur club après une campagne de Ligue des Champions cataclysmique.
Cet électrochoc qu’a réussi à provoquer Sampaoli sur la Canebière rentre totalement dans le cadre de ce que recherche les dirigeants rennais souhaitant relancer un groupe en rupture totale avec les méthodes de Julien Stéphan. De plus, on sait que les recrues estivales rennaises n’ont pas bénéficié d’une intégration optimale depuis leurs arrivées. A Marseille, le coach argentin avait réussi à performer très rapidement alors que le groupe avait énormément changé lors de l’été 2021, lui qui est réputé pour être un entraîneur prônant la proximité avec ses joueurs afin de créer des collectifs soudés. Avec une philosophie de jeu marquée par un pressing haut et une intensité constante, Jorge Sampaoli semble avoir toutes les cartes en main pour redynamiser un groupe rennais qui peine à se trouver depuis le début de saison.
Malgré les nombreux points positifs qu’aurait une arrivée du tacticien en Bretagne, il faut toutefois préciser que ses dernières expériences plus que mitigées ont laissé entrevoir un manque de stabilité défensive et des résultats inconstants. Connu pour son niveau d’exigence élevé, les relations avec certains de ses anciens joueurs et dirigeants ont parfois été tumultueuses. Il reste très attaché à ses principes de jeu malgré des résultats pas toujours au rendez-vous. Tous ses aspects ont parfois rendu la gestion d’un groupe compliqué pour lui, qui ne reste en moyenne pas plus d’une saison sur un même banc.
Alors peut-être : Sergio Conceiçao (POR, 49 ans)
Cité du côté de l’OM et annoncé proche de l’AC Milan cet été, Sergio Conceiçao n’aura finalement pas trouvé chaussure à son pied après sept ans passés et onze trophées au FC Porto. Avec avoir tout gagné sur la scène nationale, le technicien portugais a des envies d’ailleurs comme en témoignent les rumeurs mentionnées plus haut. On le sait, il est ambitieux et souhaite coacher dans un grand club à l’avenir. Toutefois, en attendant les grosses cylindrées, peut-être devrait-il retrouver un banc pour ne pas se faire oublier. Alors pourquoi ne pas envisager un retour en France après un passage réussi à Nantes lors de la saison 2016-2017 ? Pour rappel, lorsque Conceiçao avait rejoint les Canaris en décembre 2016, ces derniers pointaient à la 19ème place de Ligue 1. Le Portugais avait alors totalement transformé le visage de l’équipe nantaise, qui concluait la saison à la 7ème place de Ligue 1. A l’époque, tous les observateurs furent unanimes : les travaux de Sergio Conceiçao à Nantes étaient colossaux puisqu’il avait réussi à redynamiser un effectif en crise qui semblait déjà condamné à la Ligue 2.
Cette capacité à rebooster un groupe pourrait faire le plus grand bien aux Rennais, eux qui ont subi beaucoup de changements cet été et qui ne se sont clairement pas encore adaptés. Tactiquement, Sergio Conceiçao est un entraîneur réputé pour sa rigueur défensive, l’un des problèmes du Stade Rennais depuis le retour de Julien Stéphan. Avec beaucoup de rotation ces dernières saisons, le club breton a du mal à se trouver une charnière centrale fiable et la volonté de Conceiçao de mettre en place un système avec une équipe compacte pourrait grandement contribuer à résoudre le problème. Par ailleurs, le lusitanien a aussi démontrer toutes ses capacités à gérer la pression et à obtenir des résultats en Coupe d’Europe, ce qui fait de lui un candidat plus que crédible pour un projet à moyen terme.
Il faut toutefois noter que pour cette dernière piste deux facteurs constituent un frein majeur dans cette opération. D’abord, les exigences salariales de Sergio Conceiçao semblent bien trop élevées pour un club comme Rennes. Ensuite parce que le Portugais assume sa volonté de désormais coacher un grand club habitué de la Ligue des Champions, après avoir obtenu d’excellents résultats avec Porto dans la compétition.
Un retour en Ligue 1 : Niko Kovac (CRO, 52 ans)
Débarqué par le board de Wolfsburg en mars dernier, Niko Kovac fait partie des jolis noms qui circulent encore sur le marché des transferts. Doté d’une expérience au plus haut niveau après avoir entraîné le Bayern Munich pendant un peu plus d’une saison, le croate a ensuite retrouvé un banc dans des clubs un peu moins huppés mais y a quand même obtenu des résultats convenables, notamment à Monaco en 2020-2021 (3ème de L1 à seulement 5 points du champion, Lille). Son expérience sur le Rocher est d’ailleurs considérée comme réussie par bon nombre d’observateurs, surpris tous autant qu’ils soient par son licenciement survenu à la surprise générale début 2022.
De par ses expériences en Bundesliga (il a aussi entraîné l’Eintracht Francfort), Niko Kovac a donc su prouver qu’il était capable d’entrainer des équipes de niveaux variés dans des environnements différents. Pourquoi ne pas réitérer dans un club ambitieux comme le Stade Rennais, qui possède certes des moyens moins conséquents que ceux du Bayern Munich ou de Monaco, mais qui dispose tout de même d’une manne financière intéressante pour s’offrir des joueurs confirmés ? Accordant une grande importance à l’intensité physique et au travail défensif, sa tactique pourrait correspondre à la dynamique actuelle du Stade Rennais : une équipe capable de jouer en contre et qui cherche à consolider sa défense. Son passage à Monaco entre juillet 2020 et janvier 2022 a aussi prouvé sa capacité à tirer le meilleur de ses jeunes joueurs (Tchouaméni, Badiashile,…) et à leur faire passer un cap. Niko Kovac a également contribué à la restructuration du club de la Principauté après deux saisons 2018-2019 et 2019-2020 catastrophiques respectivement achevées à la 17ème et 9ème place. Dans une période d’instabilité, similaire dans une moindre mesure à celle que traverse actuellement le Stade Rennais, il a su apporté toute son expérience pour ramener Monaco aux sommets de la Ligue 1 et qualifier le club en Coupe d’Europe. Soit les objectifs rennais cette année.
Le pari : Walter Mazzarri (ITA, 63 ans)
Assez méconnu dans l’Hexagone, Walter Mazzarri se trouve pourtant être un entraîneur au très joli CV comme en témoignent ses multiples expériences en Italie. Après avoir coaché des tops clubs comme le Napoli ou l’Inter Milan entre 2009 et 2014, le manager italien décide de faire ses valises pour tenter l’aventure outre-Manche du côté de Watford où il ne sera resté d’une seule petite saison (2016-2017). De retour en Italie début 2018, il enchaîne depuis les expériences globalement peu fructueuses (Torino, Cagliari). Fin 2023, il est rappelé par son ancien club, Naples, en remplacement de Rudi Garcia pour tenter de relancer la machine après un début de saison catastrophique des Partenopei. Il est limogé au bout d’à peine trois mois faute de résultats et n’a pas retrouvé de club depuis.
Le faire venir en Bretagne aurait tout d’un pari, même si le technicien italien garde une très belle côte aux yeux de bon nombre de dirigeants, y compris en France – Pablo Longoria aurait tenté de le faire venir à l’OM en 2021 puis 2023. Connu pour son utilisation du schéma tactique 3-5-2, qui offre un équilibre entre la solidité défensive et le soutien des attaquants grâce aux pistons, Walter Mazzarri pourra parfaitement adapter son système de jeu à la formation bretonne, qui dispose de joueurs rapides sur les ailes et des talents créatifs au milieu. L’utilisation d’un tel schéma tactique pourrait alors maximiser les atouts des offensifs rennais tout en renforçant la stabilité défensive. De plus, Mazzarri est connu pour inculquer des mentalités combatives aux équipes qu’il dirige. Celles-ci permettraient de souder un groupe qui a beaucoup changé par rapport à l’année dernière et ainsi donner un second souffle au début de saison des Rouge et Noir. S’il a su montrer dans son parcours qu’il était capable de manager des équipes sous pression, Mazzarri devra lui aussi s’appuyer sur ses principes fondateurs pour que son groupe adhère et l’accompagne dans ses idées de jeu, dans un pays où ses matchs seront scrutés avec attention puisqu’il n’a encore jamais entraîné une équipe de Ligue 1. Le défi est immense pour l’italien, mais pas impossible.
L’audace : Edin Terzic (ALL, 41 ans)
Il est LE gros coup à tenter pour le Stade Rennais. Méconnu avant de devenir l’entraîneur principal du Borussia Dortmund, Edin Terzic n’a certes pas remporté de trophée avec les Jaune et Noir mais peut se targuer d’avoir emmené son équipe en finale de la Ligue des Champions la saison dernière, finalement perdue face au Real Madrid (0-2). Il avait également fait sensation pour son premier exercice complet en tant que coach principal sur les bords de la Ruhr, où Dortmund avait terminé avec le même nombre de points que le Bayern Munich mais avait finalement perdu le titre à la différence de buts.
A l’image d’un Patrick Vieira ou d’un Niko Kovac, Edin Terzic est un entraîneur qui s’appuiera sur le centre de formation rennais. L’une de ses grandes forces réside en effet dans sa capacité à tirer le meilleur de ses jeunes talents, comme il l’a fait ces deux précédentes saisons (Bellingham, Adeyemi, Bynoe–Gittens, Reyna, Nmecha…). Au Stade Rennais, le technicien germano-croate trouverait un environnement propice à l’épanouissement de ses joueurs prometteurs similaire à celui de Dortmund, puisque les Rouge et Noir accordent une grande importance à la formation et possèdent déjà un effectif rempli de diamants bruts à polir. Sur le plan tactique, Edin Terzic prône un jeu vertical et intense avec une projection ultra-rapide vers l’avant dès que l’équipe adverse perd le ballon, souvent sous la forme d’un 4-2-3-1 ou d’un 4-3-3. Rennes, qui cherche à maintenir une attaque rapide et dynamique, pourrait alors tirer tout le potentiel de ses offensifs s’ils venaient à évoluer sous la houlette de l’ex-entraîneur de Dortmund.
En le signant, les Bretons feraient un très gros coup avec un jeune entraîneur qui a certes peu d’expérience mais déjà des références à haut niveau. Son approche moderne, innovante du football conjugués à sa jeunesse correspondent aux ambitions de Rennes de jouer le haut du tableau de Ligue 1 tout en étant compétitif en Coupe d’Europe. Il peut être l’entraîneur qui fera passer un palier au Stade Rennais s’il s’engage sur un projet à long terme.