Le couperet est tombé. Certains avaient encore de l’espoir, mais c’est désormais officiel : Hamari Traoré va quitter le Stade Rennais. Après 6 ans de (très) bons et loyaux services, le désormais ancien capitaine des Rouge et Noir part direction le pays basque. Il rejoint la Real Sociedad pour une durée de trois ans dont une année en option.
Quelle belle histoire que celle d’Hamari Traoré au Stade Rennais. Arrivé en provenance de Reims le 14 juin 2017 (le même jour qu’un certain Benjamin Bourigeaud) contre un peu plus de deux millions d’euros, le latéral droit aura brillé durant ses six années sous le maillot rouge et noir. Retour sur son passage.
Une adaptation express
Dès son arrivée, le Malien s’est très vite fondu dans le collectif de Christian Gourcuff (pendant quelques mois), puis dans celui de Sabri Lamouchi. Il pousse quasi immédiatement la légende Romain Danzé sur le banc. Pour sa première saison, il dispute 30 matchs de Ligue 1 et délivre deux passes décisives, mais surtout, Hamari Traoré impressionne par son abattage et son coffre. Aussi par sa capacité à jouer match après match. Il est titulaire dans l’intégralité des 30 rencontres auquel il participe et joue 90 minutes dans 28 d’entre eux.
La deuxième saison est déjà celle du graal. Menés par Julien Stéphan, Hamari Traoré et ses coéquipiers remportent la Coupe de France dans une finale de légende face au Paris Saint-Germain. Le Stade Rennais réalise un sublime parcours en Europe, en faisant notamment tomber le Betis Séville. En Ligue 1, c’est plus compliqué pour le club. Mais pas bien grave. En gagnant ce trophée, Traoré entre déjà dans la légende en mettant fin à une disette de plusieurs décennies. Sur cette saison 2018/2019, il totalise 49 matchs et délivre deux passes décisives. Toujours pas de but donc, mais ça ne saurait tarder…
Enfin buteur, et quel but !
Pour sa troisième saison, Hamari enchaîne, encore et toujours. Il est un titulaire indéboulonnable, un des premiers noms que coche Julien Stéphan au moment d’établir sa feuille de match. Il joue 27 matchs sur les 28 de Ligue 1 disputés (Covid oblige) et permet au Stade Rennais de se qualifier pour la première fois de son histoire en Ligue des Champions. Grandiose. En Coupe de France, Rennes sort en demi-finale face à Saint-Etienne, dommage. Ce qu’on retiendra de ce parcours, c’est ce missile envoyé en pleine lucarne du portier de l’Athletico Marseille au 4ᵉ tour de la compétition. Et aussi ce premier brassard de capitaine porté contre Belfort, en quart de finale. Un brassard qui en appellera d’autres…
La saison 2020/2021 est particulière. D’abord parce qu’elle se joue dans des stades à moitié vides. Ensuite, parce que Rennes dispute la Ligue des Champions pour la première fois et que l’apprentissage demeure difficile. Les Rouge et Noir terminent derniers de leur groupe. Malgré une force de caractère évidente, la marche est trop haute. En Ligue 1 aussi, c’est particulier. Après un magnifique début de saison, le Stade Rennais a du mal. Julien Stéphan est même renvoyé le 1er mars 2021, laissant place à Philippe Bizeul l’espace d’un match, puis à Bruno Genesio. Comme toujours, Hamari enchaîne et est un des joueurs les plus utilisés. Il joue 42 matchs au total, dont 35 en championnat, inscrivant un nouveau but contre Marseille (victoire 2-1) en fin d’année 2020. Traoré emmène même son pays, le Mali, en finale de la Coupe d’Afrique des Nations, qu’il perdra face au Maroc (il ne disputera pas le match). En championnat de France, le Malien porte le brassard de capitaine à 7 reprises. Il est devenu un cadre de l’équipe, tant sur le terrain que dans le vestiaire. Genesio va en faire son capitaine…
Le patron de l’équipe
La cinquième saison d’Hamari Traoré au club est celle de la confirmation ou de l’explosion au plus haut niveau, à vous de voir. Le Malien est désormais LE capitaine de l’équipe. Au niveau des statistiques, cette saison est la plus aboutie de son passage à Rennes. En Ligue 1, le latéral inscrit trois buts et délivre la bagatelle de dix passes décisives. Son association avec Benjamin Bourigeaud fait des ravages sur le côté droit. Le jeu des hommes de Genesio est beau, très beau. L’équipe marque beaucoup et impressionne. Elle termine à la 4ᵉ place du championnat et forcément, de telles performances attirent. Les plus grandes écuries du monde, comme le Barça et le PSG, s’intéresseraient de près au Malien qui choisit finalement de rester. Il lui reste une année de contrat et le club aimerait le conserver, aucun accord n’est trouvé pour le moment…
Et aucun accord ne sera trouvé tout court. La saison 2022/2023 sera donc la dernière d’Hamari Traoré au club. Une saison où il aura alterné le bon, comme souvent, et le moins bon, même si c’était assez rare. Chose encore plus rare, Hamari ratera six matchs de championnat et deux d’Europa League à cause d’une blessure au mollet. Une campagne d’Europa League qui laissera de gros regrets à toute l’équipe, éliminée cruellement aux tirs au but face au Shaktar. En championnat, Rennes assure (même si on a eu peur). Le club termine 4ᵉ, bat son record de points et se qualifie pour une sixième campagne européenne consécutive. Traoré inscrira un but, celui de la victoire contre Paris en janvier, et délivrera quatre passes décisives. Le Malien aura donc joué son dernier match en Rouge et Noir, à Brest, le 3 juin dernier.
Hamari Traoré quitte la Bretagne en légende. Avec 239 matchs joués sous les couleurs du Stade Rennais, il est le 15ᵉ joueur le plus capé de l’histoire du club. On retiendra de lui sa pointe de vitesse, sa qualité de centre, son alchimie avec Benjamin Bourigeaud mais aussi son sourire, son franc-parler qui fait du bien, sa petite tendance à contester les décisions arbitrales et à prendre des cartons jaunes (54 au total, recordman de l’histoire du club). Hamari Traoré est une légende du Stade Rennais, il aura été notre Capi’ pendant deux saisons qui font à coup sûr partie des plus belles de l’histoire du club. Que lui souhaiter d’autre qu’une bonne continuation en Espagne où il disputera la Ligue des Champions ? Pas grand chose. Rennes sera toujours sa maison et nous avons déjà hâte de le recroiser…
Jocelyn GOURIOU