La défense en fer de lance ?

secteur def

On ne présente plus les qualités offensives du Stade Rennais, secteur de jeu qui a considérablement été renforcé au mercato, mais la défense n’est pas en reste. Si le renouvellement complet de la charnière centrale lié au départ d’Aguerd et la blessure d’Omari pouvait nous faire craindre une certaine porosité défensive, les recrues, avec Arthur Theate en tête, ont su se mettre au diapason et nous rassurer au fil des matchs. À quelques jours de la trêve, quel premier bilan pouvons-nous dresser de l’assise défensive rennaise ? 

Mandanda, le premier rempart

Le poste de gardien a beaucoup fait débat la saison passée. Les prestations en dents de scie d’Alfred Gomis n’ont visiblement pas rassuré le staff pour ce nouvel exercice et la recherche d’un nouveau portier était une priorité du mercato. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Stade Rennais a réussi un très beau coup en débauchant, sans indemnité de transfert, Steve Mandanda de l’OM, un concurrent direct. L’apport du gardien international est indéniable : expérience, fiabilité et stabilité dans les performances, on parle également d’un champion du monde. Tous ces points démontrent une vraie amélioration sur ce secteur.  

Cette saison, c’est pour l’instant :14 buts encaissés pour 17 titularisations (0,82 but par match), 4 clean-sheets, des arrêts déterminants et une passe décisive au compteur, toutes compétitions confondues. 

Source footballdatabase.eu

Un effet bénéfique supplémentaire qu’il peut apporter est l’encadrement d’Alemdar, qui a le potentiel d’être le futur n°1. Lui qui est déjà prompt à prendre la suite et qui ne relâche pas ses efforts avec ses entraînements avant la mi-temps (#unproblèmeavecMandanda?). Blague à part, avec 746 matchs au compteur en carrière, l’ancien marseillais est une inspiration toute trouvée et sa présence au haut niveau, à aujourd’hui 37 ans, en est l’illustration. Son nouvel entraîneur en semble d’ailleurs convaincu.

Un secteur défensif en pleine mutation…

Entre les départs au mercato estival et le nouveau schéma tactique de Bruno Genesio, la défense a été remaniée de manière importante. Le remaniement principal étant la défense centrale. 

L’arrivée de Theate, solide défensivement et doté d’une très bonne qualité de relance, a su rassurer rapidement. De surcroit, on a déjà remarqué un comportement de patron sur le terrain, une intelligence de jeu et de grandes qualités humaines. Clair dans sa communication et propre sur le terrain, il est pour beaucoup LA recrue de l’année. Tout ça à seulement 22 ans. Il semble déjà très lié au club et a su conquérir le cœur des supporters. Et si nous tenions là un potentiel futur capitaine ? 

Pour son acolyte Joe Rodon (25 ans), les débuts ont été un peu plus difficiles. Il a su pourtant garder la confiance de Genesio qui a persisté à l’aligner quand beaucoup réclamaient jusqu’à mettre un terme au prêt. Le Gallois est resté serein, il a su, au fil des matchs, s’adapter et prendre le rythme qui semblait lui manquer lors des premières rencontres. Une complémentarité semble se dégager de cette nouvelle charnière. 

Et puis avoir Joe Rodon dans ses rangs, c’est aussi profiter du frère, Sam, sur les réseaux sociaux.

Le dernier mouvement concerne le départ de Badé compensé par l’arrivée de Christopher Wooh. Le jeune, mais déjà international camerounais (21 ans, 2 sélections) sort d’un exercice convaincant avec le RC Lens, alors qu’il faisait face à une grosse concurrence et était très convoité cet été. Si on a eu un bon aperçu de ses qualités, il lui reste le plus dur à faire : confirmer. 

Le montant de son transfert (environ 10 Millions d’euros + bonus à la revente) suscite des attentes, au moins celle de faire mieux que de son prédécesseur en provenance du Pas-de-Calais. Pour son premier match plus d’un mois après son arrivée, face au Dynamo Kiev (victoire 1-0) il s’est montré plutôt convaincant. Un but et une prestation solide ont marqué ses grands débuts en rouge et noir. Bonus : Wooh est un nom très satisfaisant à crier en chœur au stade. Cependant, ses prestations face à Angers (victoire 12) et face à Lille (match nul 1-1) ont révélé quelques errements défensifs. Pris dans son dos sur le but de Salama, pour le premier exemple, et coupable d’un relâchement, sans conséquence, sur un but refusé pour cause de hors-jeu de Jonathan David pour le second, l’ex-lensois s’est ainsi montré moins à son avantage.  

Celui qui s’est engagé pour 4 ans a encore une marge de progression, à lui de faire parler ses qualités pour gagner du temps de jeu.

… Avec une part de continuité

Avec ces mouvements, il était tout de même important de conserver des repères. Ce que le club a su faire en prolongeant Birger Meling par exemple ou en conservant Hamari Traoré (dans sa dernière année de contrat) alors que le doute sur son avenir planait jusqu’au bout du mercato. L’autre élément de satisfaction, c’est la réussite de la formation. Les jeunes pousses s’intègrent de plus en plus dans le groupe jusqu’à être titularisées régulièrement. 

Premier représentant de cette formation à la rennaise, le plus expérimenté d’entre eux : Adrien Truffert. Pour sa troisième saison avec l’effectif professionnel, il poursuit sur sa lancée en s’imposant dans son couloir gauche. Ses prestations remarquées lui ont d’ailleurs valu sa première convocation par Didier Deschamps et même sa première apparition en Equipe de France (face au Danemark, défaite 2-0).  

Sur le couloir droit, c’est Lorenz Assignon qui montre des signes encourageants de progression. Celui qui lors de la saison 2020/2021 était parti s’aguerrir en National 1 du côté de Bastia, au bénéfice d’un prêt convaincant, grappille depuis la saison passée du temps de jeu. Il a su répondre présent lors des matchs de suspension de Traoré et se mettre au niveau européen. L’enjeu est clair pour le latéral de 22 ans : prouver qu’il peut succéder au capitaine et devenir le numéro 1 la saison prochaine à son poste. 

Enfin, celui qui est peut-être le plus attendu : Warmed Omari (22 ans) absent depuis le début de saison suite à son opération pour une pubalgie, devrait effectuer son retour dans l’effectif après la Coupe du monde. Une blessure dont il livre d’ailleurs une des raisons dans un entretien accordé à Ouest-France : « Mon corps n’était pas prêt pour faire autant de matches vu que la saison d’avant, je n’avais pas beaucoup joué à cause du Covid (trois matches en National 3 avec l’équipe réserve). Je pense qu’aujourd’hui, j’en paie un peu les conséquences. Ce n’est pas grave, c’est une épreuve, il faut avancer et faire avec. » Auteur d’une saison complète (42 matchs toutes compétitions confondues) et pleine de promesse, son objectif sera de bousculer la hiérarchie actuelle et de reprendre sa place petit à petit. Pur produit de la formation rouge et noire, on peut être convaincu que celui qui a grandi à Villejean aura à cœur de briller à nouveau pour le club de sa ville. 

À noter également la présence régulière dans le groupe de Jeanuël Belocian (17 ans) qui a obtenu sa première titularisation cette saison face à l’AEK Larnaca (1-1) et de Guéla Doué (20 ans). 

S’adapter 

Qui dit changement, dit adaptation. Face à cette restructuration de l’effectif, le staff technique a dû également faire évoluer le système de jeu. Exit le 4-3-3 cher à Bruno Génésio, c’est désormais le 4-4-2 qui est plébiscité par le technicien rennais. Cette réorganisation a un peu plus exposé la défense, mais a surtout demandé du temps aux milieux de terrain pour se positionner et adopter un bon équilibre entre jeu offensif et transitions défensives. Si on avait un Santamaria impérial avant sa blessure en début de saison, Tait et Majer ont, quant à eux, eu du mal à se mettre dans le bain. Le premier a dû augmenter son volume de jeu pour retrouver son efficacité, le second a tout simplement perdu en temps de jeu. 

Au rayon des bonnes nouvelles, on peut constater l’éclosion de Lesley Ugochukwu. Timide en début de saison, il profite de l’absence de Santamaria et démontre de plus en plus qu’on peut compter sur lui. Solide et sobre dans son jeu, les progrès du neveu d’Onyekachi Apam sont très encourageants depuis quelques matchs. On ne peut que se réjouir pour le Rennais de toujours qui vit son rêve d’enfant en jouant au Roazhon Park en face duquel il a grandi. 

Désormais, l’équipe semble plus rodée à ce système et tout le monde a pris ses marques pour enchaîner les prestations de qualité et mettre le club sur les rails de sa plus longue série de matchs sans défaite (16, série en cours). L’arrivée de Xeka en joker médical, efficace et en forme très vite consolide cette satisfaction. Il apporte ses qualités physiques et le vice nécessaire qui manquait à ce milieu.  

Bilan statistique 

Bien qu’il faille toujours tempérer et mettre en perspective les chiffres, ainsi que ce qu’on leur fait dire, certains sont parlants. Premier aperçu global : 

Source : footmercato.net

Malgré quelques statistiques clés en deçà de la moyenne des autres formations, c’est une quatrième place au classement des défenses pour 13 buts encaissés et 4 clean sheets en Ligue 1. Avec seulement 5 buts encaissés et l’essentiel des points pris à domicile, tout comme Lens et Lyon, le Roazhon Park fait figure de forteresse. 

Source : Made in foot / Ouest-France

Pour autant, on peut constater, à la lumière des chiffres cités plus haut et pour les mettre en perspective, que l’un des points d’amélioration significatifs se situe au niveau des tacles. C’est en effet une 20ᵉ place au taux (en %) de tacles réussis… 

Source : footmercato.net

Le second se situe au niveau des duels défensifs gagnés (en nombres). Loin d’être catastrophique, c’est une 10ᵉ place seulement sur ce secteur, aux coudes à coudes avec l’OM.

Pour conclure, il existe donc bien encore quelques axes d’amélioration dans l’animation défensive du Stade Rennais qui a pu céder et souvent au moment de tenir le résultat. Pour autant, plusieurs indicateurs sont au vert grâce aux renforts enregistrés et une vision sur le long terme avec un mélange dosé entre jeunesse et expérience. Si la défense ressemble aujourd’hui à un diamant brut, elle a tout le potentiel pour s’affiner et bâtir les succès futurs.

Cédric MABILLE

Related posts