Il semble loin et pourtant, le 6 Avril 2019 à Angers marquera le début d’une belle histoire, celle d’un joyau de 16 ans, 4 mois et 27 jours qui débute avec son club formateur. Le stade Raymond Kopa devenant par la même occasion terrain d’accueil des prodiges rennais, il n’aura pas fallu attendre longtemps avant que les comparaisons fleurissent avec Ousmane Dembélé. Mais là, c’est bien le phénomène Eduardo Camavinga qui est lancé…
Deux jours après la clôture d’un mercato historique et agité, le temps de prendre le recul essentiel afin d’étayer le sujet, de nombreux moments marquants nous viennent à l’esprit. La glissade à Séville évidemment, ou quand vient le moment de s’improviser speaker du Roazhon Park, en ôtant le micro d’Alain Rousseau… Camavinga, c’est un petit gars rattaché à une histoire particulière qui nécessite de voir plus loin que les performances sportives. Comme quand arrivé à 2 ans sur Fougères, il demeure rapidement l’espoir familial une fois sa maison ravagée par les flammes. En rejoignant l’Académie Rouge et Noir à l’âge de 12 ans, il finira par faire des étincelles sur le terrain et obtenir la nationalité française peu de temps après ses débuts en professionnels, énième moment marquant.
S’en vient une période faste sur le terrain à compter de sa performance-XXL contre le PSG en Août 2019 jusqu’à son premier but en Bleu, en Octobre 2020. Des prestations remarquées qui lui auront notamment valu le Roazhon d’Or, élu par une majorité d’entre vous.
Alors, c’est bien connu, les détracteurs ont la plume facile, mais c’est plus d’un an de performances ô combien satisfaisantes que les plus sceptiques n’hésiteraient pas à rendre éphémère. Et ce, quand bien même une remise en question s’impose au vu des prémices auxquels il nous avait habitués. En réalité, il est arrivé finalement très haut, peut-être trop haut, trop tôt…
Car si le joueur a rapidement évolué, grappillé quelques centimètres, étoffé sa carrure, depuis des mois, ses prises de balle orientées vers l’avant sont timorées et ses adversaires éliminés « à coup de gainage » se font moindre. Entre-temps, un changement d’agent qui est probablement venu ternir quelque peu l’image du jeune insouciant à la communication spontanée… et un départ qui ne faisait plus de doute. Le contraste s’avère saisissant.
A Genesio de lui offrir ses dernières minutes au Roazhon Park, quelques jours après avoir alerté, lui-aussi, sur les difficultés d’un jeune homme de 18 ans face aux sollicitations extérieures. Rentré en jeu pour le dernier 1/4h d’heure du derby, il n’aura pas ménagé ses efforts contrairement à ce qui a pu être affirmé ci et là. Mais la tendance était d’évoquer un mal-être. Preuve qu’il n’a pas rendu si indifférent, certains ont daigné le siffler, avant de remettre leur cerveau à l’endroit…
Alors non, il n’a certainement pas perdu toutes ses qualités, à commencer par une joie démonstrative, il y a 10 jours. En effet, comme si nous le réclamions une dernière fois, il revendiquera publiquement son attachement à la ville en sautant devant le Kop, avant d’animer le traditionnel cri de guerre dans le vestiaire.
A l’instar de son homologue parisien, on aura donc assisté à un feuilleton estival, malgré lui. Après coup, peut-on reprocher à un joueur de ne pas s’exprimer publiquement alors qu’il ne fait à l’instant-T que respecter son contrat ? Ce serait omettre que le Stade Rennais a opté il y a quelques années pour une communication modérée à l’égard de ses joueurs.
En partant cet été, il déroge par ailleurs à la tendance actuelle qui est de se laisser porter à l’expiration du contrat, faisant plus que rentabiliser ses frais de formation… Et si son transfert n’était qu’un rappel à nous tous qui l’avons longtemps associé à un montant astronomique, comme si le passif de certains ne nous avait pas averti, il aurait aussi pu partir libre… mais ce n’était pas dans ses principes et c’est tout à son honneur.
En rejoignant la Maison-Blanche, sous la houlette du « Nueve » et entouré des meilleurs, nul doute que le Real Madrid lui donnera « les moyens de devenir un très très grand joueur », pour reprendre les mots du directeur sportif rennais. Cela prendra le temps qu’il faudra mais son profil demeure une alternative à ce qui s’y fait de mieux.
En bref, il eut été bon de partir en meilleure posture mais n’oublions pas tout pour autant. Le football-business l’a emporté, en espérant qu’il l’emmène le plus haut possible désormais… Kenavo Crackito !