Pour ce troisième épisode, j’ai décidé d’interviewer l’un des chroniqueurs. J’ai beaucoup apprécié son intervention dans le débrief contre Bordeaux. Avec sa connexion chaotique, il n’a pas peur d’être dur envers les joueurs, sans pour autant basculer dans l’insulte ou la vulgarité. Il représente ce que j’estime être un supporter exemplaire.
Présente toi !
Moi c’est Pierre, mais tout le monde m’appelle Pedro. J’ai 32 ans et après avoir pas mal bougé ces 10 dernières années, de Brest aux Antilles en passant par Rennes et Nantes, je viens de revenir récemment dans la région de Dinan dont je suis originaire. Dans la vie je vends du vin, enfin quand les bars et restaurant sont ouverts, et je suis champion départemental de procrastination, autant dire que la confination, ça ne me fait pas peur !
Quand as-tu rejoint Radio Roazhon et quel est ton rôle au sein de l’association ?
J’ai rejoins RR avec un immense plaisir à la rentrée dernière, je suis « chroniqueur débutant » et à l’occasion, je sélectionne quelques tweets pour le Roazhon Zap des copains de Roazhon Spartiates.
Comment es-tu devenu supporter du Stade Rennais ?
Comme avec les épinards, au début je me suis pas mal forcé et puis maintenant ça passe… Non je plaisante bien sur ! Je suis tombé dans la marmite quand j’étais tout petit, mon grand père, un second papa pour moi, m’a emmené au stade à 6 ou 7 ans pour la première fois, je ne sais plus de quel match il s’agissait, mais je me souviens qu’alors que l’enjeu était visiblement très limité, je prenais le résultat très à cœur au point d’en bouffer littéralement le programme de match en papier !
Mais pour être honnête, les souvenirs de mes premières années de jeune supporter sont un peu confus (je vends du vin je vous rappelle, faut bien gouter un peu hein!) et se mélangent jusqu’en 2001 où je me souvient parfaitement de Aston Villa-Rennes, mes camarades présents aussi venaient voir le pas champion du monde David Ginola, moi j’étais déjà un peu Makelele sur les bords, pour paraphraser le poète des bleus : « Aston Villa ou pas j’m’en bat les c… , Aston Villa ou pas, David Ginola machin chouette, rien a f… ». Moi je venais voir les Le Roux, les Arribagé, Echouafni, Réveilleire et la perle Brésilienne bien sur, Severino Lucas !!
Quel est ton plus beau souvenir concernant le club ?
Mon plus beau souvenir c’est le Rennes-Arsenal d’il y a 2 ans, plus précisément ce court moment où Bourigeaud tire dans le mur et où la balle revient vers lui. Je suis idéalement placé pile en face, j’ai eu une sorte d’intuition chelou, l’impression d’être le premier à exploser dans le stade. Je savais que la reprise partait plein but c’était sûr. J’ai ressenti le truc le plus fort de ma vie je crois, j’étais intenable pendant plusieurs heures après ce match !
Ton joueur préféré ?
Difficile de faire un choix. Je pourrais en surprendre plusieurs avec mon amour inconditionnel pour l’envie et la hargne de Pedro Henrique par exemple. Il me manque encore, un mec qui a préféré rester sur le banc de Rennes alors qu’on lui proposait visiblement une place de titulaire à Nantes, à l’heure actuelle, ça court pas les terrains de foot ! Il y a eu Nonda aussi, que j’ai continué a suivre un peu après (sûrement le seul joueur pour qui j’ai fait ça). Kallstrom avec qui j’ai eu la chance de boire un coca en terrasse du bistrot de mon père à l’époque, Gourcuff et son touché de balle magique, Ntep et son insolence rafraichissante, actuellement Bourigeaud ou Traore parce que les mecs aiment Rennes et que ça se voit, ils sont toujours à fond.
Mais s’il ne faut en retenir qu’un, je ne vais pas être original, mais Alex Frei bien sûr !! Il m’a fait vibrer tant de fois ! Ce mec avait un truc, un supplément d’âme, c’est le meilleur 9 que j’ai vu au Stade Rennais, et je suis pas sûr d’en revoir un aussi bon de sitôt ! Pour ceux qui ne le sauraient pas, Alex Frei lors de sa première année au bout de 6 mois, alors qu’il ne plantait pas un but et restait en tribune, est allé voir Bölöni (arrivé l’été même) en lui disant : « ok, j’aimerais votre confiance pour 5 matchs si je ne vous satisfais pas vous déchirez mon contrat et je repars en Suisse ! »
On connait la suite… Il détestait la défaite, il détestait même parfois la victoire si la manière n’y était pas, comment ne pas aimer un tel mec ? Si on pouvait en avoir encore un par ligne comme lui aujourd’hui, la question d’un top 5 ou 3 ne se poserait même plus ! J’ai d’ailleurs un rêve, qu’il remplace Stephan le jour où ce dernier ira prendre la place de Zidane à Madrid !
Comment vit-on à Nantes lorsqu’on est supporter du Stade Rennais ?
J’ai d’abord vécu 3 ans à Nantes pour mes études. Ils sont descendus en Ligue 2 à ce moment là, j’étais plutôt peinard !
Puis j’y suis retourné il y a un an, ils avaient bien repris du poil de la bête et de l’orgueil les petits canaris ! Alors je vous laisse imaginer mon bonheur quand on les a poutrés à la 95ème en début d’année. J’étais dans un bar bondé de Nantais mais tenu par un ancien du centre de formation de Rennes. On a explosé tous les deux et on a bu des gros shooters au nez et à la barbe des couillons du soir. Amis rennais en perdition à Nantes, il s’agit du Coup du Lapin rue des Olivettes, vous pourrez y croiser un autre Pierre d’ailleurs, qui contribue fortement à la bonne marche du site Rouge Mémoire.
As-tu une image souvenir ou marquante ?
Le tifo du RCK « Celtic people against racism » déployé en 2011 lors du Rennes-Celtic. C’est ma bâche préférée, c’est un message que j’aime voir être véhiculé dans le foot et accessoirement en dehors de l’Intertoto, c’est mon premier match européen en tribune.