Depuis plusieurs années, la qualité de la formation rennaise est régulièrement mise en avant. L’émergence de Eduardo Camavinga en est l’exemple parfait cette saison et le succès récent face au « Téfécé » acquis grâce au jeune Yann Gboho représentent tout un symbole : la capitale bretonne sourit aux jeunes et vice-versa.
Des chiffres flatteurs :
Chaque année un classement des meilleurs centres de formation européens est établi par le CIES. Les clubs sont jugés sur leur contribution. C’est-à-dire, le nombre de minutes jouées lors de rencontres du big 5, par les joueurs formés au club. Le Stade Rennais y est d’ordinaire bien placé, parmi le gratin européen.
Le dernier opus, publié au début de l’année 2019, a classé Rennes en cinquième position. Devant on retrouve des clubs prestigieux : le Barça, le Real Madrid, Manchester United et Lyon, seul représentant français à devancer les Rennais.
Le centre de formation fait surtout parler de lui depuis le début du 21ème siècle. L’échec de transferts coûteux, comme celui du célèbre Severino Lucas a obligé les dirigeants rennais à changer de stratégie. Place à la formation ! Ainsi, le centre s’est progressivement développé jusqu’à devenir une référence nationale, voire européenne.
De grands noms y ont fait leurs gammes. Entre autres Sylvain Wiltord, Mikaël Silvestre, Yoann Gourcuff ou Yann M’Vila. Des hommes ayant joué au sein de l’élite du foot européen. L’exemple le plus récent n’est autre qu’Ousmane Dembélé, évoluant actuellement au FC Barcelone. Cela a des répercussions également sur l’équipe nationale. En tout, pas moins de 12 joueurs formés au Stade Rennais sont devenus, par la suite, des internationaux français dont 9 depuis le début du siècle. Un virage significatif quant à l’ampleur pris par le centre de formation rennais.
Une culture de la formation :
Le club s’est toujours appuyé sur sa formation. Il est rare d’observer dans la durée un onze rennais sans le moindre joueur formé au club. Fait davantage véridique depuis la nomination de Julien Stéphan. Ce dernier connaît la plupart des jeunes du centre pour avoir été coach des U19 puis de la réserve. Il est le mieux placé pour connaître les qualités (et défauts) de chacun. Ses valeurs humaines lui ont permis de nouer des liens étroits avec eux, comme le dit si bien Joris Gnagnon, « c’est le père que je n’ai pas eu». Une phrase forte et révélatrice de la bienveillance de coach Stéphan.
Dans une récente interview accordé à Libération, le président Olivier Létang a évoqué les objectifs concernant les équipes de jeunes : « Le but est de faire progresser et de préparer les joueurs de notre académie pour qu’ils soient prêts à évoluer dans notre équipe professionnelle », se montrant particulièrement ambitieux, « l’objectif est d’arriver à 7 joueurs issus de la formation dans le groupe pro ». La couleur est annoncée.
L’an passé, six joueurs formés au club ont joué sous les ordres de J.Stéphan : Hunou, Gélin, Léa-Siliki, Nyamsi, Diallo et Camavinga. Les trois premiers cités ont même occupé une place importante au cours de la saison, engrangeant par conséquent les titularisations.
Trois nouveaux ont démarré en pro cette saison : Pepe Bonet, Sacha Boey et Yann Gboho évidemment. Chiffre qui tend à croître rapidement, avec les dernières nominations dans le groupe professionnel de joueurs tels que Damergy, Da Cunha ou Trouillet.
Hélas, comme la plupart des autres clubs français, Rennes subit la loi indomptable du marché des transferts. Il est devenu difficile de conserver ses pépites dans la durée. Le marché, déréglé et proche de la folie engendre des sommes que le club peut difficilement refuser. Autre problème, l’ambition des joueurs. Le club a évolué, grandi mais il reste néanmoins dans une catégorie de club « tremplin», idéal pour lancer une carrière et non pour s’y pérenniser.
Titres nationaux :
Des joueurs précoces ont déjà fait parler d’eux avec l’équipe A. Eduardo Camavinga, incontestablement, véritable révélation de ce début de saison. L’Angolais enchaîne les prestations toutes aussi convaincantes que les autres, jusqu’à être élu meilleur joueur du mois d’août en Ligue 1, à seulement 16 ans. Il s’est installé comme un vrai titulaire dans l’entrejeu Rouge et Noir. Pepe Bonet, du même âge, a réalisé des débuts pénibles contre Cluj, mais compréhensibles au vu du contexte. Le latéral Sacha Boey est apparu en début de saison avant de disparaître progressivement des radars. Enfin, Yann Gboho s’est distingué en offrant, il y a quelques jours, la victoire que toute une équipe attendait depuis le 25 août dernier.
Au delà des noms, une autre composante est à souligner : les performances des équipes de jeunes. Depuis le début des années 2000, les Rouge et Noir ont remporté 6 titres nationaux parmi lesquels 2 Coupes Gambardella (2003 et 2008). Cette coupe fait toujours office d’indicateur de l’état de santé de la formation d’un club. Des joueurs tels que Yann M’Vila s’y sont révélés.
Les deux dernières saisons se sont montrées fructueuses. D’abord avec le titre de champion de France U17 (2-0 contre Toulouse) glané en 2018, avant de faire de même, chez les U19 cette fois-ci (4-0 face à Montpellier), l’année suivante. Le témoin d’une génération dorée, impatiente d’éclore sur le gazon du Roazhon Park.
Une première en Youth League :
D’autres joueurs n’ont pas encore eu l’occasion de démarrer en pro, mais nul doute que leur heure arrivera. Georginio Rutter, Alan Kerouedan, Mathis Picouleau ou encore Lucas Da Cunha sont les premiers auxquels l’on pense même si la liste demeure longue.
Toutefois, ces joueurs vont pouvoir se montrer par l’intermédiaire de la Youth League. En effet, grâce au titre de champion national U19, Rennes participe aux barrages de la Champions League version jeunes. Cela constitue une première dans son histoire. Le chemin pour atteindre la « vraie compétition », disputée par les clubs qualifiés en Champions League, est long et complexe.
Pour faire simple, deux tours de barrages sont à négocier avant de rejoindre les playoffs. Ces playoffs verront les vainqueurs des barrages affronter les deuxièmes des poules de Youth League. Les vainqueurs filent rejoindre en 8ème de finale les huits clubs arrivés en tête des poules. Un vrai parcours du combattant, mais ces jeunes pousses auront à cœur de montrer ce dont ils sont capables. Ils ont d’ailleurs bien entamé leur campagne, en disposant du club serbe de Brodarac. Voilà un tour de barrage de passé, cap sur le second désormais !
Prochain adversaire, le club israélien du Maccabi Petah-Tikva. Rendez-vous mercredi prochain, à la Piverdière, pour les hommes de Romain Ferrier. L’Académie a dû suivre le parcours européen de ses aînés les yeux ébahis, l’envie de les imiter doit les ronger.